Box de Philadelphia

« Oh my gosh ! »
→ Découverte, jeudi huit.

J'avais encore succombé à la beauté d'une jument, mais là, ce n'était pas pareil. Ça avait été le véritable coup de cœur, j'avais l'impression de déjà la connaître, de l'avoir déjà vue. En effet, Philadelphia avait une énorme ressemblance avec une ponette que j'avais connue, et que je n'avais pas vue depuis une éternité. Cette ponette, je l'aimais énormément. Et ça avait été un déchirement de ne plus pouvoir m'en occuper, de ne plus pouvoir prendre de ses nouvelles... J'avais l'impression que cette jument était ma ponette, en plus grand, en plus fort. Dès que j'avais vue cette photo sur l'annonce postée sur le tableau d'affichage du haras, j'avais sauté sur l'occasion. Nous étions maintenant dans la voiture, direction le haras des hautes lisières.

Nous arrivions justement, dans ce magnifique domaine. Je m’empressai d'ouvrir la portière, et de mettre pieds à terre pour me diriger vers l'écurie. Un vieil homme m'accueillit, le sourire aux lèvres. Je le salua poliment, désignant une silhouette restée au loin : ma mère. L'homme hocha de la tête, et me présenta rapidement son élevage de selle français. Je ne l'écoutais que d'une oreille, ne pensant qu'à ce qui m'attendait. J'arrivai enfin devant le box de la concernée : la jument d'un gris cendre. Je souris immédiatement, ouvrant la carrière du box. L'homme m'arrêta, agrippant mon bras. Je me retournai, le fixant d'un air interrogateur. Il me lâcha finalement le bras, je pus m'approcher de la jument. Je lui fis sentir ma main, avant de caresser son encolure doucement. Je me jetai finalement à son encolure, la serrant le plus fort possible. Le propriétaire me regarda d'un air étrange. Je lui souriais, ne pouvant m'empêcher d'être heureuse. C'était son sosie, autant physiquement que artificiellement. J'étais fière d'avoir la chance de pouvoir être sa propriétaire, fière. Ma mère arriva enfin, me trouvant avachi sur ce qui était une jument. Elle rit, et serra la main du propriétaire. Ils s'éloignèrent tout deux pour parler du prix, alors que j’apprenais quand à moi à découvrir la belle Philadelphia. Je lui passai un licol bleu, celui qui traînait sur le sol de son box. Je raccourcis la longe dans mes mains, et fis quelques pas. Elle me suivait, obéissante. Je caressai son encolure, et dis encore quelques pas. Elle était légère dans la longe, ce qui me facilitait bien la vie. Je la sortis finalement de son box.

» Maman, tu as vu comme elle est belle ! Elle est pire que magnifique même.

Ma mère s'approcha, et caressai son chanfrein. Elle recula au son de son hennissement, sursautant. Je ris, bien trop peureuse, ma mère... Je flattai son encolure, et fis un signe de menton pour savoir si c'était bon. Ma mère hocha calmement la tête, lenteur qui m'énervait ces temps ci. Je pris ma longe et sortis de l'écurie. Ma mère prit les protections restées dans la voiture, je les enfilai rapidement aux membres de la grise. L'éleveur ouvrit le van, je fis entrer la selle français dans cette énorme boîte. Je soupirai, heureuse une nouvelle fois de mon achat. J'entrai à mon tour dans la voiture, jetant un rapide coup d'oeil au van qui commençait à bouger derrière nous.

Ma mère baissa le frein à main, nous ouvrîmes nous portières exactement ensemble. Je me dirigeai vers le van, ouvrant la grande porte. Je montai à l'intérieur du camion, et fit descendre la jument, visiblement habituée aux transports. Je flattai son encolure transpirante, elle avait suée pendant le court voyage. Je pris la direction du domaine d'Ecaussines, lieu où elle allait maintenant vivre. Je l'attachai à un anneau, et ouvrit le courant d'eau. Je passai l'eau froide sur ses membres, son encolure et son dos, douche complète. Je me munis ensuite d'un couteau de chaleur, et à l'aide de ma mère, essora la belle Philadelphia. Je la ramenai vers son box, et la laissai s'habituer.

» On se voit plus tard, ma belle.

« Oh my gosh ! »
→ Entretien, mardi trois.

Le huit mars deux-mille douze, j'avais fais allusion à la ressemblance enter Philadelphia et « ponette ». Entre temps, j'avais réussi à la voir, à m'en occuper, et même à la monter. Mais quel déchirement d'apprendre qu'elle était partie, loin de moi, que je n'avais pas pu lui dire au revoir. Quel déchirement de me dire que je ne la reverrai plus jamais, que je ne pourrai plus prendre de ses nouvelles. Philadelphia ? C'était la même. Même caractère, même physique... Tant de ressemblances qui étaient les raisons de cet achat. Cela pouvait paraître égoïste, mais son absence était comme une lente mort qui me rongeait de jour en jour. Que me restait-il de ma ponette ? Seulement Phila, et un site internet, m'annonçant ses résultats. Elle était devenue ponette de concours. J'étais heureuse pour elle, on lui prédisait un bel avenir, un avenir magnifique.

Je poussai la porte du box de la jument, les larmes aux yeux. La ressemblance était tellement frappante, que ça m’empoignai au cœur. J'avais l'impression de saigner intérieurement, mais ça ne devait être qu'une illusion, sûrement. Je caressai l'encolure de la jument, contente de la revoir enfin. Je ne pouvais pas m'en occuper comme les autres pourraient le faire. Pourquoi ? Elle devait être travaillé touts les jours, je ne pouvais m'en occuper aussi régulièrement. Je devais faire le choix de lui trouver deux personnes qui pourraient s'en occuper, en plus de moi. C'était dur, ce n'était pas facile, je n'avais jamais confié un cheval à cause de moi. Je grimaçai, et la serrai dans mes bras, comme si c'était la dernière fois dont je m'en occupais. Je passai le licol bleu qui la suivait partout, et la sortie de son box, contente qu'elle prenne un peu l'air. Je ne m'étais pas occupé d'elle depuis le huit, un peu moins d'un mois. Au moins, elle avait eu du temps pour apprendre à connaître les quatre murs qui l'entouraient. J'accrochai la longe à un des anneaux d'attaches, et sortis un kleenex qui été plié dans ma poche. Je me mouchai discrètement dedans, et me retournai vers ma selle français, qui me regardai avec des yeux en amandes. Je lui souriais, et sortis quelques brosses de mon sac pour débuter un pansage complet. Elle avait déjà perdu son poil d'hiver, ce qui était plutôt bon pour moi. Malheureusement, le temps se refroidissait très vite ces temps ci, et une légère couverture de paddock ne lui ferait aucun mal. Je commençai à passer une brosse sur sa robe, doucement, prenant mon temps. C'était décidée, je n'avais pas assez de temps à lui consacrer ; j'allais la mettre en demie-pension. Je m'appuyai quelques secondes sur son dos, et m'écartai, continuant le pansage. Je commençai à accélérer le mouvement, voyant que les aiguilles de ma montre tournaient bien trop vite pour que je glandouille. Je changeai de brosses, et terminai mon pansage par le passage d'une brosse douce, lustrant la robe de la jument. Je ouvris le robinet situé dans la sellerie, et humidifiai légèrement mon éponge. Je nettoyai rapidement les commissures des lèvres, ainsi que le contour des yeux. Elle était belle, comme tout les jours. Je déposai un baiser sur sa joue, et la remis soigneusement dans son box. Je détachai seulement la longe, et l'accrochai au crochet. Je lui laissai donc le licol sur le bout du nez, et sortis mon appareil photo. Elle était poseuse la jument ! Je la photographiai en deux clics, voulant garder des souvenirs de tout mes chevaux.

» Au revoir, ma belle Philadelphia.

« So come on, spin me around. »
→ Préparation, vendredi treize.

Je rentrai Cola-Cao dans son box, contente de notre séance de saut. Je lui adressai un au revoir, et continuai à me coller au box pour éviter le plus gros de la pluie. Un hennissement m'interpella. C'était Philadelphia, qui était sagement dans son box, à attendre que quelqu'un vienne s'occuper d'elle. Je poussai le loquet du box, et me faufilai dedans, contente de pouvoir m'en occuper. Je savais qu'elle était entre de bonnes mains maintenant, avec Seychelles qui s'en occupait régulièrement, et Happy qui l'emmenait galoper sur l'hippodrome. Je caressai sa tête, puis son encolure, et y déposai un baiser, comme à mon habitude. La jument m'échappa, se dirigeant vers la porte du box pour taper dedans. Elle voulait sortir. En effet, la petite grise avait besoin d'une séance montée touts les jours et une sortie au paddock par semaine. Je devais donc lui consacrer du temps, beaucoup de temps. Je vérifiai que la porte soit bien fermée, et sortis mon portable. Je me dirigeai dans le menu, puis dans mes contacts, afin d'envoyer un texto. Je pianotai sur ce dernier, me dépêchant.

« Coucou Pomme, c'est Axelle. Ça te dit une petite séance de saut avec Phi' ? :-) » Il ne me fallut que très peu de temps pour recevoir le texto suivant. « Ok, j'arrive. ;-) »

Je souris, contente de pouvoir la sortir enfin. Je sortis du box, me dirigeant vers la sellerie. Une fois dedans, je pris deux brosses, ainsi qu'un cure-pieds, comme à mon habitude. Je n'allai pas faire un très gros pansage avant la séance, mais plutôt après. Je revins dans le box, et jetai mes brosses à terre. Je pris le licol bleu que j'avais l'habitude de prendre avec elle, et l'enfilai sur sa petite tête toute fine. J'attachai maintenant la longe à un anneau d'attache, vérifiai qu'il allait tenir le coup. Je poussai les hanches de la demoiselle pour éviter de me les prendre, et pris une des brosses, posées sur la paille fraîche. Je passai l'étrille américaine sur son corps, commençant par l'encolure. Je descendis petit à petit en direction des parties charnues, où j'allais enlever toute la poussière. Petit à petit, le côté droit de Philadelphia s'embellissait, s'éclaircissait. Contente, je changeai de côté, et fis rapidement l'autre. Une fois ça terminé, je pris le bouchon, et conclus le pansage par le passage de cette brosse sur toutes les parties du corps. Je pris maintenant le cure-pieds, où je demandai à la jument grise de donner son pied. Elle était plutôt bien éduquée, et me fis rapidement plaisir. Je caressai son encolure, et lui tendis une friandise, même si en donner avant n'était pas très bon pour eux. Je repris les brosses, et me dirigeai vers la sellerie dans le but de les poser. En plus, je pris l'équipement pour aujourd'hui. Je choisis directement un ensemble bleu, couleur qui lui allait à merveille. Je revins vers la jument, et harnachai le tout. Tapis bleu marine, avec un amortisseur noir, ainsi que la selle en cuire que j'avais l'habitude d'utiliser avec elle. Je me dirigeai maintenant vers sa tête, et décrochai le licol qui nous gênait. Je lui mis un filet à mors aiguille, ainsi qu'une muserolle croisée.

» On y va ?

( manège )

Cette séance avait été très instructive. Ça avait été la première fois que j'avais mis le pied à l'étrier, que je m'étais hissé sur son dos, la toute première. La jument n'était pas simple à manier mais elle en valait le coup, je la voyais déjà sur des terrains de compétitions. Je caressai son encolure, et mis pied à terre devant son box. Les pluies avaient arrêté quelques minutes, me laissant la possibilité de ne pas me mouiller à la sortie du manège. Je la rentrai dans son box, et enlevai directement le filet ; pour la libérer. Je lui passai le licol, et ôtai la selle le plus rapidement possible. Elle avait le droit de souffler, la pauvre. Je caressai son encolure, et sortis du box, lui promettant de revenir la voir bientôt.