Box d'Académie

« Rencontre »

Alors que je quittai les paddocks de Rescue Me après ma visite à Doople, un étalon de Rescue Me, je reçus un coup de fil d'une amie à moi, nommée Jenna. Elle voulait que je la rejoigne à l'hippodrome. Toutes les deux, nous apprécions de passer du temps à l'hippodrome, à observer les chevaux de course. Nous donnions très souvent un coup de main aux écuries, à ceux qui nous demandaient de s'occuper de tel ou tel cheval, du matériel, ou autre. C'est pourquoi pratiquement tout le monde à l'hippodrome nous connaissait et avait confiance en nous. Je lui répondis que je pouvais y être dans une demi-heure.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Je me rendis à l'hippodrome. Jenna m'attendait, visiblement contente que je sois venue. Elle me salua et nous allâmes dans les tribunes de manière à pouvoir observer la course qui allait se dérouler. Il s'agissait du Prix d'Amérique, une course de trot attelé très célèbre en France et dans le monde. Une vingtaine de minutes plus tard, le départ fut donné. Le n°10, Académie de Delvaux, remporta la course après l'avoir menée de bout en bout. Il garda juste une longueur d'avance sur ses concurrents pendant toute la course sauf dans la dernière ligne droite, où il fit une accélération incroyable. Il ne trottait plus, il volait. J'admirais sa vitesse et sa puissance. Le seul problème, c'est qu'il se décala brusquement sur la gauche au milieu de la course et il faillit causer un accident très grave, dans lequel auraient été pris au moins cinq chevaux en plus de lui. Après la course, Jenna et moi descendîmes aux écuries. Plusieurs nous demandèrent de nous occuper de leurs chevaux et nous les fîmes, l'un après l'autre. Après la remise des prix, nous aperçûmes le gagnant qui rentrait à l'écurie. Le propriétaire, le driver et l'entraîneur marchaient à côté du cheval. Nous entendîmes une bribe de conversation entre les trois hommes.

"Ce cheval est dangereux, à la fois pour le driver et pour les autres, chevaux et drivers. Il faut le vendre avant que cette carne ne cause un accident grave. Ce n'est pas la première fois qu'il se décale de cette façon et un jour, ça aura de graves conséquences. Après, il ne vaudra plus un sou.
-Écoutez, ce cheval gagne. Il nous rapporte beaucoup. Il vient de gagner cette épreuve et il est engagé dans une autre grosse épreuve demain. Il est hors de question que je me sépare de ce cheval."

Jenna et moi nous regardâmes. Nous savions toutes les deux que demain, lors de l'épreuve où ce cheval était engagé, je serai présente, même si je savais que mon amie ne pourrait pas venir. Et ce fut le cas. Le lendemain, j'arrivai une heure avant la course à l'hippodrome. Aux écuries, je croisai les hommes d'hier. Je montais dans les tribunes et, trois quarts d'heure plus tard, le départ fut donné. Le départ se passa bien. Académie démarra en trombe et passa devant. Puis son driver lui demanda de ralentir, afin de ménager son cheval, qu'il garde des forces. Le driver le plaça à la corde. Puis certains chevaux doublèrent Académie par la droite, sans aucun problème. Le driver de l'alezan secoua les rênes, manière d'ordonner au cheval d'accélérer, ce qu'il fit, mais il le décala à droite pour s'engouffrer dans l'espace entre les deux chevaux du peloton de tête. Académie prit brusquement peur et se décala brutalement sur sa droite. Heureusement, le driver de droite avait prévu l'éventualité, ayant déjà couru (et perdu) contre Académie et s'était un peu décalé. Pas assez malheureusement. L'alezan rentra dans le cheval à sa droite, les roues se cognèrent et il y eut un gros nuage de poussière. Quelques minutes plus tard, le nuage de poussière se dissipa. Mes dégâts étaient énormes. Les sulkys étaient totalement démontés et inutilisables. Les deux chevaux, allongés, semblaient n'avoir subis que des blessures physiques mineures. Mais psychologiques... Les deux drivers par contre, étaient inconscients. Je descendis des tribunes alors que la course continuait et je m'approchais de la barrière de la piste. Plusieurs pompiers furent là en peu de temps, ainsi qu'un vétérinaire. Je passai sous la barrière, malgré la sécurité qui me hurla de faire demi-tour puis je m'approchai d'Académie, étendu à terre. J'entendis le verdict pour les hommes. L'un avait une jambe cassée et une qu'il fallait amputer, l'autre était paralysé à partir du milieu du dos. Le vétérinaire s'approcha en premier de l'autre cheval, plus près de lui. Je dételai Académie, coupant les courroies avec une pince que j'avais dans ma poche. Le jeune alezan était traumatisé. Il tremblait de tous ses membres et refusait de rester tranquille. Je lui parlai.

"Tout doux mon beau, tout va bien, du calme. Tranquille. Là..." répétai-je inlassablement au jeune étalon pour le calmer.

Apaisé par ma voix et bien que tremblant encore, il s'apaisa un peu et arrêta de se débattre. Le vétérinaire, après s'être occupé de désinfecter les quelques plaies de l'autre cheval et de les recoudre, s'approcha pour s'occuper d'Académie. Il me demanda de le tenir tranquille, puisque j'étais la seule auprès de lui. Je demandai au cheval de se lever lorsque le vétérinaire eut déterminé qu'il n'avait aucune fracture. L'étalon alezan avait une grosse plaie sur l'épaule droite, qu'il fallait recoudre puis désinfecter plusieurs fois par jour et qui nécessitait un bandage. Pour les autres, un bandage et une désinfection régulière (deux fois par jour) suffiraient. Le propriétaire et le soigneur arrivèrent à ce moment là, visiblement en colère. Il m'ordonna de m'éloigner de son cheval et je ne pus qu'obéir. Suite à quoi il ordonna au vétérinaire de piquer le cheval avant qu'il ne blesse quelqu'un d'autre. Horrifiée, j'intervins et je protestai. Me lançant un regard noir, il me jeta :

"Plus personne ne voudra de lui maintenant et des soins me coûteront trop cher pour un cheval qui ne rapporte plus rien."

Et sans réfléchir, je lui répondis :

"Alors je le prend."

Il me regarda et me le vendit pour à peine plus cher que ce qu'il aurait gagné à l'abattoir. Je payai les soins au vétérinaire puis je pris les rênes de l'étalon avant de lui faire faire quelques pas. Il boitait un peu mais avec un bandage, le vétérinaire disait que ça irait bien et qu'il ne garderait aucune séquelle physique de l'accident. Comme je n'avais pas emmené de van, j'appelai Jenna pour qu'elle vienne nous chercher. Elle accepta et arriva une demi-heure plus tard. Grâce aux calmants administrés par le véto, il ne résista pas et monta rapidement dans le van. Mon amie nous déposa au Domaine d'Éternel avant de repartir et après m'avoir tiré la promesse de tout lui raconter dans les moindres détails. Je conduisis Académie dans son nouveau box et je lui enlevai son filet. Je l'étrillai, je le bouchonnai et je lui passai la brosse douce. Je démêlai sa crinière et sa queue puis je nettoyais ses yeux et ses naseaux. Je terminai par lui curer les pieds. Il ne résista pas et me laissa faire. Je fis également un bandage à son antérieur droit, comme me l'avait indiqué le vétérinaire, puis je laissai le jeune cheval se reposer après une carotte et un bisou entre les naseaux. Je fermai la porte du box derrière moi puis j'allai ramener son filet à l'ancien propriétaire d'Académie de Delvaux.

« Connaissance »

Après des cours agaçants, des profs qui m'avaient tapés sur les nerfs ainsi qu'un contrôle de maths et un d'espagnol ratés, je dois dire que ma journée était pas très agréable. Enfin, en dehors des sacrés fous rires pris en cours avec ma voisine et super amie ! (en vrai)

A la sortie des cours, je me rendis donc au Haras de Pado, mon sac de cours sur l'épaule. Une fois arrivée, je me rendis au Domaine d'Éternel et je me rendis au au club house. Je m'installai au bureau et je m'attelai à mes devoirs, avant d'aller voir mes chevaux. Physique, anglais... je fis tout ce que j'avais à faire, même si je le bâclai un peu, franchement plus attirée par les devoirs que par les interférences sur les ailes d'une mouche. Une fois mes devoirs terminés, je rangeai mes affaires dans mon sac puis je le laissai sur le placard du club-house. Puis, avec bonheur, je me rendis aux écuries, où je pris le temps de dire bonjour à chacun de mes chevaux et poulains. Je me rendis à la sellerie où je pris le matériel de pansage d'Académie, son licol ainsi qu'un antiseptique, des compresses stériles et des bandages pour nettoyer et désinfecter les blessures de l'accident. Puis je déposai le tout à la douche, gardant seulement le licol et la longe du jeune étalon. Je me rendis à son box et je jetai un oeil par desus la porte du box. Académie était au fond de son box, les oreilles en arrière et la tête basse, exactement comme quand j'étais passée lui dire bonjour une heure plus tôt. J'ouvris la porte et je dis à l'étalon :

"Sa va aller mieux mon grand, tu verras."

Il agita les oreilles avant de les replacer en arrière. Je m'approchai doucement de lui et je posai ma main sur son encolure, que je caressai. Académie releva un petit peu la tête et me sentis. Je le laissai faire, il ne me connaissait que depuis quelques jours. Puis je lui passai son licol que je bouclai et j'y attachai la longe. Je fis une très légère traction sur la longe et Académie se mit en marche. Je le conduisis à la douche et, sur le chemin, j'observai ses membres. Le jeune étalon boitait toujours, mais ça commençait à aller mieux. Bien sur, il était malheureux, enfermé dans son box. Mais je ne pouvais pas le mettre au paddock parce qu'il ne devait pas courir et devait le plus possible rester tranquille, autant à cause de sa boiterie que de ses blessures. Académie était un cheval qui aimait courir, vite et longtemps. Pas un cheval qui aimait rester enfermé dans son box. Je l'attachai à la douche et je défis le bandage de sa jambe. Je palpai délicatement son antérieur gauche. Il avait un petit peu désenflé. Ce n'était pas encore ça, mais c'était tout de même un signe d'amélioration. Je douchai le membre à l'eau froide, comme indiqué par le vétérinaire, et je massai délicatement le membre blessé, sous l'eau. J'éteignis le jet d'eau puis je défis le bandage qui entourait l'étalon à moitié sur son encolure et à moitié sur le garrot ainsi qu'entre les antérieurs pour faire tenir le pansement sur sa longue et profonde plaie de l'épaule. Je défis le bandage et je retirai le pansement. La plaie contenait toujours du pus, qui coulait, malgré les points qui suturaient la plaie. Doucement, je rinçai la plaie au jet d'eau, à jet doux. Académie releva la tête et plaqua ses oreilles sur sa nuque.

"Tout doux, mon beau, tout doux. Ça va te soulager un peu." fis-je doucement à l'étalon pour le calmer.

Je le vis se détendre un peu au son de ma voix, mais je savais qu'il avait mal. Je séchai la plaie avec des compresses stériles, que je passai délicatement dessus puis je refis le bandage. Je désinfectai chacune des autres plaies de l'étalon et je fis un pansement pour celles où c'était nécessaire. Puis je rebandai la jambe de l'étalon. Je passai ensuite la brosse douce sur sa robe pour enlever les copeaux de bois et les brins de foin qui s'y trouvaient. Tout en murmurant des paroles apaisantes à l'étalon, je le caressai. Je démêlai avec soin sa crinière et sa queue puis je nettoyai ses yeux et ses naseaux avec une éponge humide. Je terminai par lui curer les pieds, en faisant attention à ne pas effleurer une plaie non bandée et à ne pas toucher à son membre blessé plus que nécessaire. Je caressai longuement l'étalon, qui avait toujours la tête basse. Puis je décidai de le laisser tranquille. Je le reconduisis à son box et je lui donnai un morceau de pain, qu'il mangea avec plaisir malgré qu'il ait toujours la tête basse et les oreilles en arrière. Après une dernière caresse et un gros bisou, je retirai son licol et je le laissai tranquille. Je me rendis à la douche. Je jetai les pansements, les compresses stériles et les bandages usés puis je ramenai le reste à la sellerie, et je le rangeai à sa place.