Box de Free

"J'ai envie de m'enfuir où tu pourras m'emporter"

Il s'appelait Free et c'était un étalon. Un pur-sang-arabe. Pour moi, ces chevaux incarnaient la liberté, le feu, la joie de vivre à l'état pur. Lorsque je l'avais vu pour la première fois dans son paddock, galopant avec force, celle qui caractérisait les étalons, j'ai été pétrifiée. Devant moi, ce PSA se défoulait, libre de toutes contraintes, me réduisant à l'état de spectatrice. J'aurais pu être sa marionnette, cela n'aurait rien changé. Il était là, et il m'hypnotisait, lui et sa beauté presque irréelle. J'étais restée là, bouche bée, pendant cinq minutes, les bras ballants. C'est là qu'il a posé sur moi ses yeux dénués de violence. Je me suis approchée sans bruit, comme si mon corps, ce n'était pas moi qui l'habitait. Dans ces yeux, on pouvait lire une citation de Benoît Granger, celle-là même qu'Axelle m'avait déclarée ce matin: « Ma seule liberté est de rêver, alors je rêve de liberté. »
J'avais posé ma main sur son chanfrein, doucement, pour ne pas l'effrayer, pour ne pas lui donner l'impression lui retirer sa liberté, la flamme qui vivait en lui. N'importe quel autre cheval aurait baissé la tête, pour dire" Vas-y caresse-moi, j'aime ça, tu me fais plaisir". Pas lui. Il s'est contenté de souffler doucement avant de reculer d'un pas, hors de portée. " Tu sais, si tu es heureux comme tu es, où tu es, je ne vais pas t'enlever ton bonheur. On peut aimer sans être prisonnier de l'autre, on peut entretenir le feu de l'amour sauvage, le vrai, celui qui coule dans nos veines et qui se fige si personne ne veut de lui. Toi et moi, on est comme ça. Peut être qu'on a peur de souffrir, de voir son coeur arraché à ses racines. Mais si tu m'acceptes, tu n'auras pas besoin de changer." J'ai marqué une pause pour lui montrer qu'il avait le choix, que je ne le forcerais pas à faire un bout de chemin avec moi. Il est resté, immobile, son souffle produisant de petits nuages de vapeur dans l'air frais. J'ai continué, voulant le "conquérir" avec liberté: "Je ne te fais aucune promesse "d'attachement", comme: avec moi, tu seras heureux, c'est sûr. Car c'est à toi et à toi seul de décider où tu veux donner ton bonheur. Mais si tu te rapproches, là, je serais la plus heureuse des filles. Car j'aurais une "double face" en moi: j'aurais ta liberté, et j'aurais l'amour que je te porte". Je me suis redressée, ôtant mes coudes de la barrière. C'était tout simplement à lui de voir. Il s'est détourné, a fait un cercle en trottant comme pour me dire "Tu m'as parlé de liberté. Si tu m'appelles, tu ne respecteras pas la mienne." J'ai attendu avec espérance, ne le quittant pas des yeux pendant sa "mise à l'épreuve". J'ai attendu encore, sans bouger, respirant à peine, qu'il finisse de me montrer que même si voulait être avec moi, il garderait son tempérament d'étalon PSA, le coureur des déserts. Je sentais qu'il accepterait sûrement des contraintes, sinon il ne serait pas là, dans cet espace clôturé. Pour finir, il est finalement revenu vers moi, un nouveau reflet dans son regard chaleureux. Mais toujours libre. Il a soulevé sa belle tête et l'a posée sur la clôture. "C'est fini maintenant. Je sais que nous allons nous entendre, tu me l'as prouvé." Fier et libre... Mais c'était à mon tour d'être fière, fière que Free,cet étalon m'ait acceptée

Ca faisait longtemps. Si longtemps que je n'avais pas vu ce corps puissant paradant fièrement. Mais quand j'ai compris que la vie ne pouvait pas m'enlever le droit d'aimer, j'ai su qu'au fond, je ne pourrais pas me passer de cette liberté qui avait le goût salé des embruns, la fraîcheur de la brise. Cette liberté qu'incarnait Free...
Je ne savais même pas si il allait se souvenir de moi. Mais je savais qu'il m'avait manqué et que, pour cette raison, j'avais le droit d'être là. Je levais sans crainte mes yeux vers sa belle tête, si droite, parfaite... Enfin, peut être pas mais elle était tout de même splendide. Je ne pus retenir un petit rire, tellement je me sentais idiote. Rire auquel il répondit par un souffle.
Je levais un sourcil, vaguement surprise avant de secouer la t^te.
Mon pauvre Free, tu as perdu ton sens de la galanterie à ce que je vois. Mais t'inquiète, j'ai tout le temps pour te réapprendre les bases.
J'observais encore un instant cette beauté avant de me rappeler que j'étais là pour autre chose que rester plantée là, telle une carotte abandonnée. J'entrais précautionneusement dans le box, sachant que monsieur n'aimait pas y être alors c'était pas la peine de partir dans une séance câlins.
J'effleurais son toupet et lui passais dans un même geste le licol. Lorsque le sabot de Free claqua dans l'allée, je sentis l'étalon se détendre, comme si il trouvait trop pesant de se trouver dans un espace clôt plus de...30 secondes. Je flattais son encolure et l'entraînais dehors, pour profiter u peu du soleil de ce mois de juin.
j'avais déjà rassemblé un selle légère, le filet de Free, le tapis de selle et d'autres choses à l'extérieur. Je nouais la longe à la barre qui longeait la façade de l’écurie et m'attaquais à son pansage. Après m'être battue avec un noeud de sa queue qui refusait de céder, je fus confrontée à un nouveau problème, assez voyant mais que je n'avais pas remarqué: son encolure toute crottée.
Je pris courageusement une nouvelle brosses et décollais patiemment les mottes de terre qui s'étaient collées à son poil. Fidèle à lui même, Free commença à s'agiter, lassé d'attendre. Je lui offris une rondelle de carotte, espérant ainsi le calmer un peu. Lorsque que mon "épineux" problème fut résolu, je curais ses sabots et harnachais sans problème.

Comparé à hier, la chaleur pouvait sembler accablante et c'est sous un soleil de plomb que j’allais chercher Free dans son paddock. J'avais prévu de le tester sur l'hippodrome, encore à l'ombre à cette heure-ci. Ensuite, Monsieur ira peut-être faire un tour dans la piscine puis retour au paddock. Le paddock de Free contenait deux ou trois arbres, et j'aurais imaginé qu'en cheval normal préférant ne pas cuire au soleil, il se serait installé près d'un tronc. Mais j’avais tout faux. En cherchant le bel arabe des yeux, je le vis vers le fond, galopant joyeusement, ignorant autant l'ombre que le soleil. Je souris, comme aimantée par ce superbe étalon.
Un licol à la main (peut être une erreur, connaissant les principes de l'alezan), j'ouvris la barrière et me faufilais dans l'étendue de verdure. Free regarda furtivement dans ma direction avant de continuer le tour de son royaume, heureux comme tout. Je savais qu'il ne serait pas content mais alors pas content du tout si je lui passais le licol contre son gré mais il ne faisait pas assez confiance pour venir vers moi si je me postais gentiment dans un coin en attendant qu'il vienne.
Je lâchais le licol dans l'herbe et m'avançait vers cette beauté enivrante, essayant d'ignorer le soleil qui commençait à me taper sur le système. Je sus qu'il m'avait vraiment calculé lorsqu'il ralentit l'allure et baissa la tête, ses naseaux frôlant le sol. Je m'arrêtais où j’étais, hésitante: fallait-il que je continue, ou que j'attende la réaction de Free? Je décidais de faire encore quelques pas et d'attendre. L'étalon, surpris que je m'approche là tout de suite, se stoppa aussitôt, les oreilles pointées dans ma direction et sa belle tête tournée vers moi.


Hésitant, il commença à venir vers moi et attendit. Prenant le risque qu'il ne se remette à galoper à fond de train, je m'avançais vers lui et commençait à le caresser, toute contente de retrouver le bel arabe. une main dans sa crinière soyeuse, je lui offris un quartier de pomme et réussis à le convaincre de me suivre jusqu'au licol, que je lui passais sans mal. Je lui offris un deuxième quartier de pomme et sortis du paddock, en direction du domaine.
Finalement, même si il tenait à sa liberté, il était docile. J'avais beaucoup à apprendre de lui à mon avis!


Je l'attachais devant son box et commença le pansage avec une étrille en plastique, motivée à l'idée de monter Free pour la première fois. Vu que l'alezan passait tout son temps dehors, il y avait un minimum de travail et je préférais finalement prendre l'étrille américaine pour retirer le gros de la terre qui s'était déposée sur les parties charnues de son corps de rêve. Une fois que les croûtes boueuses furent décoller de sa croupe, je rangeais l'étrille et retournais le reste de la boîte de pansage pour trouver un bouchon.
Je le passais d'abord à rebrousse-poil pour faire ressortir les petites saletés puis dans le sens du poil pour l'enlever. Je le passais ensuite dans la queue un brin emmêlée de l'étalon avant de reposer la brosse. Je m’emparais d'une brosse douce et frottais doucement le poitrail de Free, pour voir si il appréciait un minimum un semblant de massage. Ses oreilles tressaillirent mais il se détendit. Je souris et fit glisser la brosse sur son flanc avant de la passer sur sa croupe. Je fis de même de l'autre côté avant de poser ma main sur le chanfrein de l'arabe, qui me regarda bizarrement, l'air de dire: "mais qu'est-ce tu bidouilles sur ma tête?"
Je retirais ma main mais y mis à la place la brosse douce et commençait à faire des va-et-vient avec. Je fus surprise lorsque Free ferma les yeux, chose qu'il n'avait jamais faite avant. je me dis alors: "chouette, j'ai trouvé un truc qu'il aime bien dans le pansage!" Je reposais la brosse à contre-coeur et sortis un cure-pieds de la poche de mon pantalon.
Je saisis un de ses sabots que je soulevais avec douceur. Avec la pointe métallique, je grattouillais la terre qui s'était accumulée là-dessous et relâchais son pied pour passer au second antérieur. Je sentais que Free commençait à s'agiter, sûrement agacé par toute cette agitation au tour de lui Je me relevais et lui donnais mon troisième et dernier quartier de pomme. Après, ça sera des carottes! je me remis au travail, pressée d'aller sur l’hippodrome avec mon coureur des déserts.
Je contournais Free et prit son postérieur gauche. Gratte, gratte, gratte... Le second postérieur. Frotte, frotte, frotte...
Je remballais tout mon tintouin pour le pansage en vitesse et partis chercher l'équipement de Free. Je casais la mallette dans un coin de la petite sellerie du domaine -mon domaine \o/- et pris la selle, le filet, le tapis de selle... de l'alezan et repartis vers lui. Je glissais le mors dans sa bouche sans qu'il n'oppose de résistance -il récolta une caresse pour ça- avant de poser l'ensemble tapis de selle-selle et d'enlever les plis. Je vérifiais les sangles, descendis les étriers, enfonçais ma bombe sur ma tête et glissais le pied dans l'étrier. Au boulot, Free!

Le temps était encore au beau fixe aujourd'hui. Accoudée à la barrière du paddock de Free, que je regardais depuis environ 10 minutes, je renversais la tête en arrière, savourant les derniers rayons de soleil sur ma peau. C'est pas le tout, j'ai un étalon à sortir. Je m'étirais, limite à somnoler et franchis la clôture. Contrairement à son habitude, l'étalon alezan broutait calmement deux trois touffes d'herbe, s'ébrouant de temps en temps pour chasser les quelques mouches dues à la chaleur. Je m'approchais silencieusement, même si je savais pertinemment qu'il m'avait repéré. Free repérait quiconque entrait dans son paddock.
Je posais une main sur son épaule et il me salua d'un tressaillement d'oreilles. C'est dingue de voir à quel point j'étais folle de lui♥ Je le caressais encore un peu, et comprenant qu'il ne voyait pas que je voulais le sortir de son petit chez-lui, je tirais de ma poche un quartier de pomme protégé par du plastique. Je lui présentais la gourmandises à plat sur ma paume et il la saisit du bout des dents, ne me faisant pas encore totalement confiance.
Il leva vaguement la tête mais ne daigna pas bouger. Je reculais de quelques pas et réitérais mon appel. Cette fois, sûrement agacé que je ne laisse pas tranquille il vint vers moi. J'ébouriffais son toupet et tendis un bras derrière moi, avançant en direction de la clôture, tout en jetant quelques coups d'oeils derrière moi pour m'assurer que Free suivait toujours. Je pris le licol que j’avais posé sur le ruban électrifié et le passais à l'étalon qui ne cilla même pas. Je flattais son encolure musclée avant de quitter l'herbe tendre de l'enclos pour les gravillons de l'allée secondaire.
Je retournais au domaine et retrouvais avec plaisir sa fraîcheur. Je nouais la longe de Free à l'extérieur et partis chercher un seau en plastique que je remplis d'eau. je posais ensuite le-dit seau devant Free qui plongea la tête .
M'exclamais-je en constatant que la moitié de l'eau avait disparu. Je disparus à mon tour à l'intérieur des écuries pour aller chercher un bouchon et un cure-pieds, Free n'étant pas spécialement cradou. Je posais le cure-pieds par terre. Le bel arabe le trifouilla quelques instants puis s'en désintéressa, son attention attirée par un papillon blanc qui passait non loin de là. Je suivis des yeux ses arabesques aériennes quelques secondes avant de me retourner vers l'étalon, toujours fasciné par la créature ailée. Je ne l'avais jamais vu aussi calme. Je m'appuyais contre son épaule d'une main, le bouchonnant vigoureusement de l'autre. Le passage de la brosse décollait facilement la terre et Free fut bientôt tout propre. Je m'approchais de sa croupe, tenant toujours le bouchon, et brossa sa queue, qui était quelque peu emmêlée.
Je lâchais ensuite le bouchon sur la fine bordure d'herbe qui bordait le domaine et attrapais le cure-pieds. Je glissais ma main le long de son antérieur, et soulevais son sabot, que je posais sur mon genou. Vu que Free vivait en extérieur, ses pieds étaient plus solides mais il y avait toujours de la terre collée à la sole. Je grattais doucement avec le cure-pieds, faisant tomber tout ce qui s'était accumulé là-dessous. Je retournais ensuite le cure-pieds et passais un petit coup de brosse. J’examinais son sabot et vérifiais l'état de son fer. Tout était ok, mais il faudrait sûrement appeler le maréchal-ferrant d’ici peu.
Je flattais son encolure et retournais à l'intérieur. Je rangeais le bouchon et le cure-pieds dans ma mallette de pansage avant de prendre la selle de l'alezan sur une épaule, le tapis de selle et l’amortisseur sur la deuxième et le filet dans une main.Je posais tout l'équipement sur le sol, excepté le filet, que je gardais en main. En m'approchant de la belle tête de Free, je remarquais des petites saletés aux coins de ses yeux. JE posais aussi sec le filet et partis chercher une éponge. Je l'humidifiais au robinet de la sellerie avant de retourner vers l'alezan.
je me postais devant lui et suivit sa liste du bout des doigts, chatouillant ses naseaux veloutés. J'approchais l'éponge de la tête de Free, qui renâcla. Ah, je n'étais pas au courant qu'il n'aimait pas les choses jaunes et spongieuses... Je passais la chose jaune en question sur son encolure, ce qui ne lui fit rien. Bizarre. Je retentais le coup et l'arabe réagit de la même façon qu'avant. Je changeais de tactique et mit l'éponge à plat sur ma paume, comme si c'était une friandise. Intrigué l'étalon la renifla mais ne s'y trompa pas: il ne fallait pas la manger.
Une fois que Free eu fini de renifler ce que je tenais, je pus lui passer sur la tête. je me contentais déjà de la passer sur son chanfrein avant de me risquer vers ses yeux. Je "décrotouillais" son oeil avec délicatesse, consciente qu'il était tendu mais me laissais faire. Je passais au deuxième. Une fois fini, je présentais un morceau de pain dur à Free qui le croqua lentement. Il sembla apprécier la nourriture et alla même jusqu'à me pousser des naseaux pour en avoir un deuxième, ce qu'il n'avait jamais fait avant. J'éclatais de rire et lui dis:
On aurait presque pu croire que Free boudait. Je le caressais, attendrie et repartis une énième fois dans le domaine, pour ranger l'éponge cette fois. Je revins en vitesse et lui glissais le mors dans la bouche. Je passais la têtière au-dessus de ses oreilles et fit passer son toupet par-dessus,en tirant doucement sur les crins. Je cherchais la sous-gorge et la serrait de façon à ce qu’il y ait un peu de mou. Je recommençais avec la muserolle. Le montant du filet pendouillait bizarrement alors que Free mâchouillait je ne sais quoi. Je resserrais d'un cran le fameux montant, ce qui repositionna le mors. Voilà, problème réglé.
Je me penchais pour ramasser le tapis de selle et le lissais du plat de la main avant de le poser sur le dos de Free. Par-dessus, j'ajoutais l’amortisseur avant de mettre la selle. Je dégarottais, veillant à ce que le garrot de Free soit "libre". Je fis glisser la sangle, qui frôla le sol dans un crissement de graviers. Je la saisis et sanglais, remontant le quartier dans la manœuvre. Je descendis ensuite les étriers sur les étrivières, et profitant du fait que Free avait encore le licol autour de l'encolure, je rentrais pour aller prendre ma bombe, que j’avais laissé dans la sellerie. En route, moussaillons!