Box d'Atika

« Si pendant que tu avances... »
→ Arrivée, mardi dix.

Les chevaux ? J'aimais ça. Les chevaux aux caractères pourris ? J'adorais ça ! C'était pour ça que j'avais Caliméro, Cola-Cao, Démesure... Et maintenant Atika qui rejoignait la famille des chevaux froids. J'avais la fâcheuse manie à toujours m'attacher plus à ces chevaux là qu'aux autres. Étrange, car leurs sentiments n'étaient pas réciproques. Cela ne m'avait pas empêché d'acheter la trotteuse, qui ressemblait trait pour trait à Slim Pearl. Seuls la couleur des yeux pouvait les différencier. Prête à recevoir la nouvelle pensionnaire, j'étais dans la cours de mon domaine, attendant le camion qui transportait la bête sauvage. Je ne l'avais pas essayé. J'étais allé la voir une seule fois, mais elle n'avait pas voulu sortir de son box... J'avais deux chevaux comme ça. Mes chevaux se ressemblaient un peu tous, finalement. J'entendis soudain le grognement d'un moteur, et les cailloux s'éparpiller un peu partout. Je tendis les oreilles, et ouvris encore plus mes yeux, essayant de voir plus net l'ombre qui s'approchait de moi. Enfin, le camion arrivait à ma hauteur. J'avais imaginé quelque chose de plus petit, mais cela me convenait aussi. Je saluai le conducteur, et ouvris la grande portière. Habituée aux déplacements, je connaissais par cœur le fonctionnement d'un camion pour transporter les chevaux. J'attendais que celui qui dirige les opérations sorte de sa voiture, pianotant sur mes cuisses.

» Bonjour monsieur ! Puis-je voir la bête infernale ? Si j'ai bien compris, vous la vendez car vous n'arrivez pas à en faire quelque chose... Et bien moi je veux bien me heurter à ce cas!

C'était avec le sourire que je lui répondais, contente de recevoir un nouveau pensionnaire dans mon écurie. Je montai dans le camion aux côtés du monsieur, et attrapai la longe qu'il me brandissait. Une magnifique jument grise se tenait devant moi, avec de gros yeux en amandes. Étonnée, je restai quelques secondes plantée, la fixant. Elle était encore plus impressionnante que la dernière fois, ou encore en photo. Elle était grande, dotée de fines pâtes de trotteuse... Je la descendis du camion, et à côté du monsieur, me dirigeais vers l'écurie extérieur, là où siégeait toutes les femelles. […] Une fois devant le box, j'ouvrai la portière, ayant marre de recevoir des gouttes de pluie sur mes cheveux secs. Mes cheveux, toute une histoire d'amour... Je lâchai le licol de la jument, la laissant découvrir son box pendant que j'entamai la discussion avec le propriétaire.

» Écoutez, je ne vous promets rien, mais cette jument, je suis persuadée que je peux en faire quelque chose.
» Je vous la cède pour très peu. J'ai acheté cette trotteuse pour ma fille, mais je n'arrive pas à la sortir du box, et quand j'y arrive, ma fille tombe... J'ai décidé de la vendre. Je vous remercie de l'avoir acheté, vous me délivrez d'un énorme poids ! Je dois y aller Axelle... Bonne chance pour tout !

Je fis au revoir au propriétaire, et me retournai vers la jument qui faisait les cents tours dans son box. Elle devait être en stress. Normal, un changement d'environnement après un long voyage ne devait pas améliorer la situation ! Je poussai la porte, et essayait de suite à établir un contact. Mais la jument n'était pas tellement décidée à être gentille avec l'humain, du moins pas aujourd'hui. Je haussai les épaules, et quittai le box, déjà contente de ma journée bien mouvementée.

« Ceci n'est pas un au revoir. »
→ Adieu, lundi 04.

Allongée sur une botte de foin, je caressai doucement mon chien, qui lui, était assis à mes côtés. Nous étions bien et rien ne semblait pouvoir nous déranger, nous écoutions le chant des oiseaux ayant posé leurs nids dans les toits de l'écurie intérieure, nous écoutions la pluie tomber sur ce fameux toit en plexiglas... Les yeux fermaient, j'imaginais ma vie parfaite. J'avais déjà une vie parfaite, entourée de touts mes chevaux, j'avais des amis, je n'avais pas énormément de problèmes... c'était plutôt bien comme vie, et je voulais en profiter à fond.

Alors que je rêvais tranquillement sur ma botte de foin, mon portable vibra dans ma poche. J'ouvris immédiatement les yeux, je croyais pourtant l'avoir éteint. Dans une lenteur extrême, je me redressai, et, fatiguée, tapai rapidement le code PIN du petit boîtier électronique. La technologie de nos jours... j'avais reçu un texto d'Arianna, une de mes amies au haras. Elle était récemment revenue après quelques semaines d'absence, autant le dire, elle m'avait beaucoup manqué. Le sourire aux lèvres j'affichai devant moi le texto, qui, quelques secondes après allaient me lancer une énorme vague de trouble.

« Coucou Axou ! C'est ta riri. Bref, je voulais te demander... vu que tu veux te séparer de quelques uns de tes chevaux et que je recherche une trotteuse d'orlov... tu serais d'accord pour qu'Atika rejoigne mon écurie ? Elle est tellement magnifique, et j'ai en ce moment beaucoup de motivation, alors tiens moi au courant. »

Deux de mes chevaux avaient déjà quitté l'écurie, je n'étais pas encore très habituée. Une moue sur le visage, je me relevai, enlevant la paille sur mon pantalon humidifié par les trombes d'eau qu'il pleuvait en ce moment. Je cliquai sur le bouton « répondre », et lui envoyai rapidement ma réponse positive. Il fallait bien que j’apprenne à me séparer de mes chevaux... Puis je savais que Riri s'occupait parfaitement bien de ceux-ci. Je me dirigeai en courant vers les écuries extérieure en direction du box de la concernée, jument qui allait sans doute bientôt quitter mon haras. J'étais triste, mais en même temps très heureuse pour elle car je savais qu'elle le méritait largement. Une belle et grande famille, des visites régulières, Atika ne pouvait pas rêver mieux après tout.

Je poussai doucement le loquet de la porte du box de la jument, un sourire aux lèvres. Le doute avait laissé place au bonheur, c'était beaucoup mieux pour elle et après tout, je n'avais pas des liens très fort avec cette magnifique trotteuse de couleur crème. Je me faufilai dans le box, et déposai un petit baiser sur l'encolure d'Atika. Ses yeux s'ouvrirent, elle pencha ses oreilles en arrière. J'avais oublié son énorme caractère de cochon qui en dérangeait plus d'un ! Un éclat de rire s'échappa de ma gorge. Nous étions décidément heureuse toute les deux. Je savais très bien que j'allai revoir cette magnifique jument, j'en étais même persuadée. Je la serrai une dernière fois dans mes bras, avant de quitter le box.