Box de Duchesse

« And I learned to live half alive. »
→ Brosses, mardi vingt.



Migowinn. Ça avait été une amie géniale, elle est ses chevaux. Je ne pouvais pas l'oublier, et la seule chose qui me restait d'elle était cette petite pouliche, au caractère pimenté. Oui, je la reconnaissais tellement à mon amie, partie du haras de pado. Duchesse ne se laisse pas faire, ne se soumet jamais, veut vivre sa vie, sans personne pour instaurer les règles. Elles étaient pareilles, comme deux sœurs, comme la même âme. Je connaissais un petit peu cette pouliche. Je m'étais occupé d'elle pendant quelques jours, lui donnant l'habitude de marcher avec le licol dans le couloir de son ancien domaine, ou autre chose dans le genre. Elle était craquante, oui. Elle savait nous faire fondre avec ses yeux de biche innocente, mais c'était réellement une teigne. J'aimais les chevaux à caractère, et elle en faisait partie.

Je poussai la porte du box, ne pouvant caresser la pouliche par les barreaux des boxs de mon domaine. Elle était bien trop petit, m'arrivant même pas à la hanche. Je terminai de pousser la porte, ôtant rapidement le loquet. J'étais maintenant face à un petit diable, qui me regardait de ses yeux en amande. Je n'osais pas bouger, laissant mes pieds sur le sol, ne m'aventurant point dans la paille. Tout était comme dans un rêve, comme si j'avais déjà vécu ce moment. Je finissais finalement par faire un pas, et tendis doucement ma main dans le but qu'elle le sente. Duchesse fit de même, posant ses sabots dans la litière souillée. Je caressai son encolure, grattant son garrot au passage. Elle était mignonne, douce. Mais je savais qu'elle n'était pas toujours comme ça, je le savais. Elle décidait sans cesse de la tournure du moment, elle était la reine, la princesse. Je ne comptais pas la laisser faire, j'allai lui montrer qui commande. Je me relevai, me demandant ce que j'allais faire de ma séance. Elle n'avait pas été habituée aux brosses, il me restait encore ça à faire ! Je quittai le box, en direction de ma sellerie. Je pris alors les petites brosses à sabots, légère, douce. Je ne voulais pas la brusquer, mais juste lui montrer qu'elle ne choisissait pas si elle voulait travailler ou pas.

- Regarde ma belle patate, c'est des brosses, tu vas aimer, j'en suis persuader.

La belle patate n'en avait rien à faire, non. Elle secouait son nez dans la litière souillée, me snobant totalement. Je lui passai alors un licol taille poulain, et le bouclait sur son museau. J'y accrochai la longe, et vérifiai que j'avais un minimum de contrôle. Je commençai alors petit à petit à rapprocher les brosses de son dos, cessant dès qu'elle était sage et calme. Duchesse était toute énervée, chatouilleuse. Je gardai la brosse sur l'endroit qui la gênait, jusqu'à ce qu'elle se calme. Ça paraissait peut être illogique, mais je ne voulais pas lui apprendre à céder, seulement à être désensibilisée. Je passai alors la brosse sur son encolure, la caressant régulièrement. Elle se laissait faire, la coquine ! Je ne savais pas pourquoi elle était si sage, si gentille. Elle devait sûrement préparer un autre coup... Je finissais rapidement le pansage du jour, et déposai des friandises sur le rebord du box. Je me retournai, voyant qu'elle ne pouvait les atteindre. Je les fis doucement tomber sur la litière, et regardai la petite Duchesse manger ses bonbons.

« And I learned to live half alive. »
→ Tondeuse, dimanche premier.



J'avais promis à Happy que je venais passer voir Duchesse pour un petit coup de tondeuse, et j'avais bien l'habitude de tenir mes promesses. J'avais fais l’acquisition de ma nouvelle tondeuse il y a une semaine, mais je n'avais pas encore eu le temps d'en faire l'usage. Je me dirigeai vers le box de ma trois ans, tondeuse à la main. Duchesse n'était pas du genre à se laisser faire : j'allais en baver. Je poussai la porte du box, et déposai un baiser sur son museau qui ne cessait de fouiller mes poches : elle ne perdait pas le nord. Je flattai son encolure, et déposai la tondeuse sur le bord du box pour me laisser mes deux mains et lui enfiler mon licol plat. Je sortis la jument de son box, et attachai la longe à un des anneaux d'attaches. En effet, des touffes de poils parsemaient son corps, ce qui ne devait pas être facile pour le pansage. Je pris une brosse dure, et commençai à la passer sur le corps encore peu musclé de la jument. Nous commencions tout juste le travail, elle n'était pas habituée à ce rythme. Je finissais par frotter ma brosse contre une autre, et les déposai dans mon sac, comme j'avais l'habitude de le faire. Je repris ma tondeuse ; et l'allumai. La pouliche sursauta, se demandant ce qu'il se passait. Je rapprochai l'objet près de ses oreilles, et frottai l'appareil contre sa robe. Je voulais qu'elle associe cet objet avec du confort, pour ne pas la traumatiser. Je l'allumai, une nouvelle fois aux côtés de ses oreilles. Elle eu de nouveau une seconde de sursaut, et commença à s’exciter, pas contente. Je flattai son encolure pour la mettre en confiance, essayant de la calmer. Dès qu'elle venait à bouger, je gardai le bruit près de ses oreilles. Mais dès qu'elle se calmait, je la récompensai en arrêtant la pression mentale. Petit à petit, je m'approchai de son pelage, essayant de ne pas la brusquer. Je passai la tondeuse sur son encolure, ce qui la fit sursauter. Les premières touffes de poil tombèrent à mes pieds, parsemant le sol d'un pelage beige vanille. Je la récompensai, tout en continuant, me dirigeant vers le haut de son encolure. Je tondais assez régulièrement mais chevaux pour l'hiver, mais beaucoup moins pour l'été, surtout avec le retour du froid. Je haussai les épaules, et terminai rapidement de la tondre. Je finis par détacher la longe, et la remettre dans son box.

» Oh oui, tu es tout belle maintenant, tu l'as toujours été.

» Samedi 07.2012

Duchesse progressait de jours en jours, même si malheureusement je n'avais pas toujours le temps d'aller la voir. Pour ce long week-end de Pâques, j'avais décidé d'essayer le mors à la ponette. Pour cela j'en avais acheté un très doux en caoutchouc rose et parfumé à la pomme: idéal pour commencer ! Quand je déposai mes affaires devant le box, je remarquai que la petiote avait l'air très tendue aujourd'hui. Au moment de la sortir du box, mes soupçons se confirmèrent, et je décidai de lâcher un peu la ponette pour éviter de commencer le travail dans la tension. Après un rapide pansage, facilité par la tonte de Duchesse dimanche dernier, je l'amenai dans le rond en licol.

« rond de longe »

Cela faisait bien longtemps que je n'étais pas venue voir la petite puce, Duchesse. Mon élevage de welsh ralentissait bien son rythme depuis mon accident, je n'avais plus de temps. Le collège lui aussi, me prenait du temps. J'étais enfin arrivée en troisième et cette année c'était le brevet qui nous attendait. Ce fameux brevet. J'avais plutôt mal commencé l'année et je devais à tout prix me ressaisir. Le jeudi était l'un des seuls jours où je pouvais me permetttre de venir, car je terminais à 15h30. Il avait aussi le mercredi, et tout le week-end, mais les autres jours, mes chevaux devaient rester au haras sans aucunes visites. Je comptais vraiment me séparer de certains ou encore engager quelqu'un qui pourrait au minimum, me les mettre au paddock. Mes demies-pensions ne venaient plus, j'étais triste, mes chevaux aussi.

Lentement mais sûrement j'atteignis le box de Duchesse, qui trépignait d'impatiente à l'idée de sortir mais aussi d'avoir un pansage. Aujourd'hui, pas de séance de débourrage, je n'avais pas le temps pour une séance de telle durée. J'avais encore de l'allemand et de l'histoire à faire chez moi, ma mère m'avait donné un chréno horaire à respecter, la jument n'irait finalement que pendant une heure dans le paddock. Je sifflai, l'attirant vers moi. Elle donnait un coup violent de sabot dans la porte en bois, que je réprimendai en inclinants mes sourcils. Elle arrêta de suite, soucieuse de mal faire et se terra au fond de son box. Je me penchai d'avantage par dessus la portière et tendis ma main, l'invitant à venir chercher la friandise que j'avais blottis au creu de cette dernière. Duchesse ne se fit pas prier et fonça tête baissée dessus, oubliant tout le reste. Effectivement, elle avait l'air bien heureuse de me voir. Je souris, et ouvris la portière en bois avant de déposer un petit baiser au coin de ses naseaux. Elle avait un regard nostalgique, elle avait sans doute peur que je monte sur son dos une nouvelle fois. Effectivement, le débourrage s'annonçait compliqué avec elle. Avec la selle et le filet je n'avais eu aucun problèmes mais monter sur son dos c'était fait avec deux chutes, qui m'avaient fait pleurer. Depuis je l'avais un peu reposé au box, attendant que toutes les deux de notre côté, nous puissions réfléchir. Je passai ma main sur son dos tout en grattant de l'autre son garrot. Elle trépignait d'envie de sortir, je ne voulais pas plus longtemps la retenir. Je pris alors un licol et le lui passai sur la tête, avant de la sortir de son petit carré dont il fallait que je change la litière.


paddock.
En l'absence de la jeune jument, je pouvais maintenant faire son box qui je l'avoue, était vraiment dégoûtant. Je pris mon râteau et ma fourche, ainsi que la brouette qui était déjà posée contre le box de ma puce. Cela faisait bizarre de voir son box vide, ainsi. Je soufflai longuement, triste de ne pas rendre la vie de mes chevaux plus belle que ça. J'empoignai la fourche dans le crottin, le balançant par la suite dans la petite brouette en fer. C'était écœurant. Je n'étais pas venue faire les boxs depuis deux semaines, il fallait vraiment que je me bouge, ou sinon, que je vende mes chevaux. Mais ça, j'en étais clairement incapable. Je les aimais tant, je ne pouvais pas. Ma brouette se remplissait petit à petit, j'allais devoir faire deux voyages. J'empoignai les deux poignées et menai la brouette dans le tas de foin utilisé. Je le vidai rapidement et repris la direction du box, pour terminer d'enlever la paille. Je plantai une nouvelle fois ma fourche dans la paille souillée et les crottins, qui petit à petit, partaient du box. L'odeur de l'urine chatouilla mes narines. Heureusement, mes boxs avaient été fait en pente. Je mis les derniers crottins dans la brouette et m'emparai du balai, pour nettoyer le sol et le désinfecter. Je poussai les derniers débris hors du box, puis vidai une nouvelle fois ma brouette dans l'endroit destiné. J'avais presque fini, il ne me restait plus qu'à étaler la nouvelle paille. Je pris une petite botte, qui faisait tout de même vingts kilos, et, péniblement, réparti la paille un peu partout dans le box. L'odeur de l'urine disparût rapidement, le box était maintenant propre. Je devais être capable de faire ça avec tous mes chevaux, je le devais. J'allai maintenant reprendre la direction du paddock, pour récupérer la petite jument Duchesse, qui avait déjà passé une bonne heure à galoper.


paddock.
Je tenais la jument par le licol. Elle était complètement excitée comme une puce, ça faisait en même temps bien longtemps qu'elle n'était pas sortie de son petit box de quatre mètres sur cinq. Elle allait peut être contente de retrouver son box, mais propre, cette fois ci. Ou peut être pas. Peut être préférait-elle vivre dehors, ce que je ne doutais pas une seule seconde. Je caressai sa douce encolure de welsh, et la lâchai dans son box. Elle avait tout le même le droit à un petit pansage avant que je m'en aille, car je n'étais pas sûre de revenir d'aussitôt. Elle tournait en rond dans son box. Je sifflai doucement, et lui donnai un morceau de carotte. Je m'éloignai, fermant la porte préalablement pour récupérer le sac à brosse.

Une fois de retour, je passai le bouchon sur sa robe palomino qui n'avait pas été entretenue depuis longtemps. Elle fermait les yeux, contente que je m'y mette enfin. La poussière volait, petit à petit. Je fis ses pieds, sa crinière qui était beaucoup trop longue, elle se transforma en superbe ponette. Je gardai sa crinière en brosse, ce qui lui donnait un air de cheval de compétition. Je quittai le box et lui donnai avant de partir un bout de carotte, qu'elle dévora d'un coût.