Box de Quinoa

« Wildfire. »
→ dimanche 24 juin.

15h38, l'heure de me diriger vers le domaine de la liberté. Quelques minutes auparavant, j'avais reçu un texto de la part d'Arianna, qui me demandait d'accueillir une nouvelle jument durant son absence. C'était donc en vélo que je me dirigeai vers ce territoire, où j'aimais passé du temps durant l'été. L'élevage de mon amie se concrétisait de jour en jour, son élevage de quarter horse. Je n'en avais encore jamais acheté mais j'aimais beaucoup cette race, j'avais d'ailleurs un étalon de cette catégorie. J'arrivai enfin à hauteur du territoire, le soleil était haut au dessus de moi. Je le fixai quelques secondes, puis descendis de mon vélo. Je n'aimais pas faire du vélo, j'en avais peur. Je grimaçai, regardant mon pouce. Une belle ampoule s'était formée sur le côté intérieur, elle apparaissait à chaque fois que je me déplaçai en deux roues. J'entrai dans le domaine, et regardai rapidement les chevaux qui s'y trouvaient. Je vérifiai en même temps si le box du future cheval était prêt, ce qui était bel et bien le cas. Il ne me restait plus qu'à attendre le cheval, et de l'accueillir comme un des miens.

J'entendis du bruit dans la coure, un bruit sourd de moteur. Je me relevai de la chaise sur laquelle je m'étais assise, et me dirigeai en dehors des écuries. Il faisait chaud, très chaud, et je peinai à distinguer l’éventuel véhicule, caché par les rayons sur soleil. Enfin je reconnus une peugeot rouge, derrière lequel était attaché un van deux places. C'était lui, le nouveau cheval. Je n'avais aucune idée du sexe, de la ressemblance physique, je savais seulement que ce cheval était un quarter horse. Je me rapprochai du véhicule qui venait de s'immobiliser, et ouvris la portière du conducteur. C'était un homme, il avait la cinquantaine, quelques cheveux blancs parmi les plus roux. Je lui décochai un sourire, et lui expliquai rapidement la situation actuelle : « bonjour je suis Axelle, une amie d'Arianna et je suis chargée d'accueillir sa jument. ». Le propriétaire acquiesça, et se dirigeai vers le van qui allait bientôt s'ouvrir. J'allai pouvoir découvrir le quarter horse, enfin. Visiblement, l'équidé était bai. Je ne voyais que sa croupe, qui était plutôt musclée. Puis son propriétaire fit descendre le cheval, avec une aisance remarquable. Un magnifique cheval se dressé maintenant devant moi. Sa tête était fine, ses jambes longues et élégantes, son ventre fort bien proportionné... une magnifique monture. Je m'approchai de la bête qui s'impatientait légèrement, elle avait un fort caractère. Je tendis ma main en direction de sa tête, frôlant doucement son auge. Soudain elle bondit en l'air, bousculant le propriétaire alarmé. Je rattrapai la longe et la calmai en quelques secondes seulement, elle n'aimait pas le changement. Confus, le propriétaire se releva et m'expliqua rapidement la situation. C'était une jument difficile, qui n'aimait pas changer d'environnement. Je plissais les yeux, fixant les siens. Elle semblait terrorisée. Je caressai son encolure tout en chuchotant des mots qui devraient généralement la calmer. Peu à peu elle se détendit, comme je lui avais demandé.

Son propriétaire reprit la longe, et acquiesça longuement. Nous ne pouvions pas faire machine arrière, j'étais persuadée qu'Arianna la voulait et ce n'était pas ce petit incident qui allait arrêter la vente. Je pris mon stylo, et signai grossièrement les papiers de vente au nom d'Arianna Klanai. Je concluais ainsi la vente, et repris la longe de la jument qui était enragée. Un petit pansage allait sûrement lui faire un peu de bien. Je la menai jusqu'à l'intérieure de l'écurie, où je l'attachai soigneusement. Je laissai ainsi son propriétaire seul avec elle, tandis que je me dirigeai vers la sellerie. Je sélectionnai quelques brosses, et me remis aux côtés de la quarter horse au regard de glace. Elle avait fait un bon achat, cette jument était pire que magnifique. Je la serrai dans mes bras, puis m'écartai quelques secondes plus tard pour débuter le pansage. Les brosse glissaient sur sa magnifique robe bai, fraîchement nettoyée. Son propriétaire était ému, je le voyais bien. Ce n'était jamais facile de se séparer d'un cheval, surtout un cheval que l'on aimait. Le pansage se termina ainsi dans un silence glacial.

Je détachai la longe de l'anneau, et plaçai la jument légèrement excitée à mes côtés. J'avais pour consigne de la mener jusqu'à son paddock dans lequel elle allait y passer la nuit. Je caressai sa douce encolure, et lui tendis une petite friandise qu'elle avala en quelques secondes. Son propriétaire me suivit de très près, c'était son tout dernier jour avec la magnifique quarter horse de dix ans. Elle trottait à mes côtés, excitée comme jamais. Je n'arrivais pas à la contenir, elle bondissait juste à côté de moi. Je ne savais pas si j'allais arriver au paddock en vie, vu son comportement pire que dangereux. Mais je la comprenais. Ce n'était pas évident de quitter un lieu dans lequel nous avions vécu pas mal d'années, et de changer ainsi en un jour. Chacun avait un temps d’adaptation différent. Je caressai son encolure, voyant les paddocks se rapprocher de nous. Je soufflai longuement, avant d'ouvrir la portière et de laisser partir Quinoa, qui galopait à une vitesse folle dans le pré d'un hectare.