box d'Ecume.

« Jeunesse. L'âge du possible. »


Écume n'avait que six mois. Par conséquence, il vivait encore avec sa mère. Ils étaient ensemble dans une énorme stabulation ; où ils avaient largement la place de s'amuser. Écume sautait un peu partout, mordait sa mère, venait la téter... Il était sans cesse en mouvement. C'était un poulain alezan aux crains lavés, qui était particulièrement en forme. Je ne m'étais jamais occupé d'un poulain, c'était ma toute première fois.
Je ne voulais pas lui imposer ma présence. De plus, je ne connaissais pas sa mère et ses réactions si j'osais toucher son bébé. Je me résignai donc à rester derrière la barrière, me faire discrète. Dans un mois, Écume allait commencer l'épreuve du sevrage. Après ça, je pourrai enfin le toucher à ma guise, le découvrir petit à petit. Le petit bébé s'approchait de plus en plus de moi, curieux, et joueur. Il tournait vivement autour de sa mère et élargissait le cercle petit à petit.
Il était maintenant à 10 cm de moi, et jouait, tout heureux. Je n'osais bouger, de peur de l'effrayer, ou pire encore. Il me regardait du coin de l'oeuil. Il connaissait l'humain, mais il le connaissait mal. Il l'avait vu quelques fois, pour l'emmener au pré ou autre ; mais rien de très physique.
Il n'était pas habitué à mon odeur, et je ne voulais pas le brusquer. J'avais décidé de déposer ma veste et de la lui laisser pendant une journée, pour qu'il s'habitue. J'enlevai alors ma veste, et la déposa sur le côté de la stabulation. Immédiatement, sa mère alla sentir, et le poulain fit de même.
Je voulais vraiment lui laisser le temps, et faire un débourrage éthologique, tout en douceur.

« Jeunesse. L'âge du possible. » ~ Chap. 2


J'avais peur de ne pas réussir. Le débourrage est une épreuve importante, on sait tous ce qu'un mauvais débourrage peut faire. J'avais beaucoup lu la nuit dernière sur les différentes méthodes, et j'en avais combiné plusieurs. Je ne voulais pas improviser sur le moment, et tout râter d'un coup !

- Coucou toi, salut mon beau.

Écume, bien curieux, est tout de suite venu me voir. En revanche, il ne me touchait pas. Il me sentait de loin. J'entrai dans ;a stabulation, doucement. Le poulain recula, méfiant. Je m'assis par terre, pour paraître moins grande. Je n'étais pas venue depuis deux jours. Il reconnaissait peut être mon odeur ! Je tendis la main, juste pour voir. Écume tendit à son tour le nez, toujours avec quelques centimètre d'écart.

- Allez, n'est pas peur, viens moi voir.

Je pu enfin le toucher. Il était doux, il était jeune. C'était mon poulain.

« Jeunesse. L'âge du possible. » ~ Chap. 3


Les professeurs au collège m'avaient accablé de devoir. Je n'avais pas eu le temps de passer au haras de Pado voir Magic, Écume et Caution. Le bon côté des choses c'est qu'ils avaient eu largement le temps de se reposer !
Aujourd'hui, j'allais entrer dans la stabulation pour de vrai, et le toucher, l'approcher. J'y avais pensé toute la nuit, je n'avais pas arrêté de culpabiliser. Une seule petite faute pouvait faire rater le débourrage entier ! Et je ne voulais pas que ça se passe comme ça.

La directrice du haras m'avait laissé un texto comme quoi le sevrage s'était bien passé. J'étais contente, je pouvais enfin le travailler tranquillement. J'ouvris la porte du box, et claquai de la langue. Écume se retourna et poussa un hennissement. Il vint vers moi doucement, m'examinant de toutes les coutures. Je ne voulais pas m'approcher, je le laissai faire. Il était maintenant à quelques centimètres de moi, me reniflant doucement. Il n'était pas encore très habitué à l'humain, ça se voyait.
J'approchai ma main, doucement. Écume la senti, puis se laissa caresser. Son pelage était encore très doux, comme tout les poulains. J'étais au niveau de la crinière, et Écume se laissait faire. J'essayai de reproduire les léchouilles de sa mère à la naissance, sur le chanfrein notamment. Il avait maintenant fermé les yeux.

- Alors, tu es câlin toi !

Je m'étais maintenant mise debout. Il me suivait, doucement. Je le félicitai régulièrement, pour qu'il se sente bien. La première étape de mise en confiance avait commencée.

« Jeunesse. L'âge du possible. » ~ Chap. 3


Le pré-débourrage, bien fait, faisait que le débourrage était plutôt facile. Une des première étape, avoir la confiance du poulain. Par la suite, il fallait lui mettre le licol, ce qui était beaucoup plus dur. Comment réagiriez vous si vous passiez 7 mois en liberté et qu'on vous soumissiez avec un licol ? Je voulais que tout ce passe bien.
La stabulation n'était pas le meilleur endroit pour le travailler, mais j'étais bien obligée. Sans licol, je ne voulais pas prendre le risque de l'emmener dans le rond de longe, prendre le risque de le blesser, ou de le stresser.

- Coucou toi, alors, ça va ?

Il y a quelques jours, j'avais pu le toucher. Ce n'était peut être rien pour les autres, mais j'avais éprouvé une telle joie ! C'était indescriptible... J'avais emmené avec moi un licol taille poulain, que j'avais acheté la veille. J'avais pris le coloris noir, le moins cher.

Je serrai les dents ; m'approchant petit à petit. Je commençai par le caresser, exerçant des vas et viens sur son encolure. Je lui fis sentir le licol ce qui ne le fit pas bouger. Je le pliai par la suite dans ma main, et recommençai à le caresser mais avec. Petit à petit, je dépliai le licol.
Le licol était maintenant entièrement détaché. Il ne trouvait pas ça désagréable, et avait donc associé le licol comme un ami, un truc agréable. Je le passai sur sa tête, Écume ne broncha pas.
Pour lui donner du confort, je m'éloignai, lui laissant le temps de souffler. C'était vraiment un beau poulain, futur champion ! [...]

De retour vers lui, j'allais passer à l'étape supérieur : mettre le licol. J'avais beaucoup étudié la nuit dernière et accumulé plusieurs méthodes, parmi les quels celle de Corbigny figurait. Sa méthode consistait à faire les gestes pour mettre le licol par fraction, et d'aller plus loin à chaque fois. Entre les différentes fractions, on donnait du confort en s'éloignant.
J'étais maintenant à côté d’Écume. Je mis mes bras autour de son encolure, le licol dessous. Op, je m'étais déjà éloignée. Je recommençai, encore et encore, jusqu'à arriver à la nuque. La têtière l'avait maintenant touché, je m'éloignai une nouvelle fois. J'aurai très bien pu fermer le licol, mais quitte à lui apprendre à le mettre, pourquoi pas lui apprendre à l'enlever !

- C'est bien ça dit donc, hein !

Je fermai doucement le licol, le rassurant. Une fois attaché, je m'éloignai une nouvelle fois, il ne broncha pas.

- Bravo, c'est super... Super !

Licol appris.

« Jeunesse. L'âge du possible. » ~ Chap. 5

Écume grandissait de jour en jour. Je ne le reconnaissais plus, sa couleur alezane se confirmait et foncée chaque jour un peu plus. La dernière séance, j'avais réussi à lui mettre le licol. C'était déjà un bon pas en avant, et j'en étais très fière. Il avait était mignon comme un coeur, et j'avais arrêté la séance pour ne pas aller plus loin de ce qu'il pouvait subir. C'était comme ça qu'on créé des peurs... Je m'approchai donc du poulain avec de nouveau le licol à la main. Il s'avança vers moi et senti ce que j'avais dans la main. Il tendit son museau et j'en profitai pour lui enfiler le licol. Écume ne broncha pas, et accepter ça comme quelque chose de plutôt agréable. On allait aujourd'hui travailler avec la longe, pour apprendre à le mener. Une fois qu'Écume sera bien habitué, on pourra prendre la direction du rond de longe, où on pourra commencer sérieusement le travail !

Longe à la main, je lui parlais. Il ne connaissait pas cet objet, mais il ne semblait pas y prêter grande attention. Je me mis alors à la balancer à peu partout, car c'était ce qu'il allait se passer quand elle allait marcher. J'accrocha la longe au mousqueton de mon licol, et je fis la même chose que la dernière fois : je lui demandai la tête. Écume suivait parfaitement bien la longe, et me donnait sa tête. Je le caressai, lui flattant l'encolure abondement. Je me mis au niveau de sa croupe, et redemandai de donner sa tête. Le poulain n'avait pas compris l'exercice, alors j'attendais patiemment. Quelques secondes plus tard, il bougea ses hanches et me fit face.

- Hey ! Trèèès bien mon beau bébé, super ça !

Petit à petit, je donnai un peu moins de pression à chaque fois. Écume devenait très léger, et me faisait rapidement face. C'était le début, ce n'était pas parfait, mais c'était déjà bien. Pour le faire bouger, j’exerçais maintenant des pressions, dans le but de le faire plus tard en liberté. Écume savait bouger ses hanches, mais pas encore ses épaules. Alors je tapotai de mes doigts ses épaules dans le but d'obtenir un bon mouvement, ce qu'il fit vraiment bien. [...]

On avait passé plusieurs minutes dessus. Je trouvais ça déjà bien, et je ne voulais pas le forcer plus. J'avais essayé la liberté mais ça manquait encore de travail, bien que le poulain s'était donné à fond pour réussir ! J'étais très fière de lui ; le débourrage commençait à merveille.

Au clair je l'ai appris à répondre au licol.

« Jeunesse. L'âge du possible. » ~ Chap. 6

On avait déjà pas mal avancé dans le pré-débourrage. Il fallait maintenant qu’Écume s'habitue aux brosses, aux cure-pied etc. C'était donc le but d'aujourd'hui. J'avais avec moi ma boîte de pansage, ma longe et mon licol taille poulain. Écume avait était particulièrement mignon ces temps ci, et j'avais pu le manipuler. Il se laissé toucher sur tout le corps, il n'avait plus peur de moi. J'entrai dans sa stabulation, et lui caressai le garrot.

- Coucou, toi.

Il était devenu très câlin depuis qu'il m'avait offert sa confiance. Je sortis une brosse de ma boîte et la lui fit sentir. Il était tout nerveux de découvrir un autre objet, alors je me détendis. Je posai la brosse douce sur sa peau, Écume s'écarta. Ce n'était pas un exercice facile, je maintenais la brosse sur son flanc jusqu'à ce qu'il arrête de bouger. Une fois stoppé, j’enlevai la brosse et récompensai. C'était comme ça qu'il fallait procéder avec un poulain, et même avec un cheval. On arrêté la pression dès qu'ils arrêtaient de bouger, et non l'inverse ! Je recommençai, Écume sursauta, mais ne bougea pas. Une nouvelle fois, je félicitai. Petit à petit, je passai la brosse sur son flanc, lui montrant que ce n'était pas méchant. Au bout de dix minutes, la brosse pouvait parcourir tout son corps. Tant qu'on était doux avec lui, il apprenait très vite ! Je changeai de brosse, et pris le bouchon. Le poulain restait mignon, et attendait que je le récompense.

- C'eeeeeest bien mon beau, très bien !

Je pu ainsi tester au total trois brosses, ce qui était déjà pas mal.
On allait maintenant passer à une plus grosse épreuve : le cure-pied. Un cheval ne donnant pas ses pieds était toujours très désagréable, ça s'apprenait donc très jeune. Ma main descendit sa jambe, et s'arrêta au niveau de la châtaigne. Là, j'exerçai une pression de plus en plus forte et je poussai avec mon épaule l'épaule du poulain. Il a fait ce que je demandais : reporter son poids sur l'autre côté, et à levé légèrement le pied. Pour l'instant je ne voulais pas l'attraper ; mais juste lui apprendre à donner. On recommença ça une dizaine de fois, jusqu'à ce qu'il comprenne ma demande. Je pris une longe, et la noua autour du paturon. Je redemandai de lever le pied, et gardai une certaine pression sur la longe. Bien sûr, comme je l'avais prédis, Écume reposa immédiatement le pied. Alors je continuai de tirer sur la corde, pour lui demander de lever le pied. Une fois levé, je lâchai la pression, et récompensai. C'était le début, c'était normal qu'on n'y arrive pas encore très bien ! On refit l'exercice, mais cette fois ci, le poulain garda bien le pied en l'air.
Il avait apprit à donner son pied. Je recommençai sur tout les autres membres, Écume était parfait ! Il était volontaire au travail, il avait tout d'un poulain en or. Je sortis un petit morceau en sucre, complètement adapté à sa dentition.

- Tu es super !

Il sait maintenant être brossé et donner ses pieds !

« Hey, petit poulain ! »1

Ecume avait grandit, et était maintenant particulièrement grand. C'était devenu un grand cheval, j'avais vraiment envie de travailler avec lui. Le pré-débourrage c'était passé merveilleusement bien, on allait maintenant commencer le débourrage. Sans doute l'une des étapes les plus difficiles... Mais c'était l'étape où le cheval passé de "poulain" à "cheval". C'était comme l’adolescence, on devait passer par là. Je brossé Écume, tout doucement. Il avait eu le temps de s’habituer à tout cet univers. Le vétérinaire m'avait donné l'accord pour lui mettre la selle et par conséquence, commencer à le monter. J'étais donc venu le voir avec un énorme sourire, toute fière, mais aussi stressée. J'allais pour la première fois débourrer un poulain... Débourrer mon cheval. Je mis le licol à Écume, et me dirigea vers le rond de longe.

Direction → « Première étape ».

« Hey, petit poulain ! »

C'était bon, de le voir. Je le voyais grandir tellement rapidement, il était devenu grand maintenant. La veille, on avait commencé on débourrage, ça avait été magique... J'étais tellement fière de lui, de son attitude exemplaire ! Il avait réussi à supporter le poids du mors dans la bouche, en seulement une seule séance. Il me restait maintenant plus qu'à mettre le filet en entier et Écume aurait réussi une partie de son débourrage. J'ouvris la porte de son box et le saluai d'un grattage de garrot. Je sortis mes brosses et exécutai un petit pansage pour nettoyer les pattes et les sabots. Il était maintenant habitué aux brosses et donnait ses pieds tout seul, il était bien élevé. Je lui mis le licol éthologique, et on prit la direction du rond de longe pour continuer le débourrage.

Direction → « Deuxième étape ».

« Hey, petit poulain ! »

Écume, mon poulain, mon deuxième cheval. Je me souviens la fois où j'ai craqué en le voyant, comme il était chou ! À chaque fois que j'entre dans son box, ça me fait tout drôle. Il a tellement grandit depuis ses 6 mois, où il m'arrivait en dessous des épaules. C'était maintenant un grand cheval, un grand cheval que j'allais débourrer. Il était maintenant habitué au filet complet, et se laissai diriger un peu partout dans le rond de longe. Je l'avais aussi habitué à la sangle, et je lui avais fait sentir le tapis. Si on était doux avec Écume, on avait toutes les chances de réussir le débourrage. C'était un poulain exceptionnel, qui vous vendait littéralement du rêve, un futur champion. Je ne savais pas encore de quoi, mais je voulais me spécialiser dans le dressage avec lui. Tout mes chevaux étaient différents, c'est pour ça que j'en avais pleins. J'ouvris le box, et le saluai par une grattouille sur le museau. Il avait un air tout foufou, il était pressé de sortir de cette boîte toute petite. Moi, j'étais pressée de lui mettre enfin mon tapis. Je brossai ses membres et lui mis mon licol éthologique, direction : le rond de longe.

Direction → « Troisième étape ».

« Bébé est devenu grand. »

C'était fou, comme il avait grandi. Je me disais ça à chaque fois, même s'il restait petit, j'avais l'impression qu'il était devenu un géant. C'était le plus petit cheval que je montais, mais il était quand même très puissant. Ce cheval, je l'avais eu à six mois, et depuis, il ne me quittait pas. J'adorais ce poulain. Je disais encore poulain, car s'était son surnom quand il était jeune, et ça le restera. Je poussai la porte du box, et admirai l'haflinger. Contrairement à la plupart des chevaux de sa race, il avait un bai assez foncé, et il n'avait pas une crinière très très claire. Je passai ma main sur son naseau, le laissant me sentir. Il me reconnaissait, depuis qu'il me connaissait. Je passai mes mains sur son corps, et m'arrêtai à son garrot, que je massai avec insistance. ça lui faisait du bien, et ça se voyait.

- Allez, viens, que je te sorte !

J'ouvris la porte du box, et le laissai sortir dans le hall. Je lui passai rapidement le licol, et l'attachai par la suite. C'était un licol plat, dont je n'avais pas l'habitude de me servir. La plupart du temps, j'avais des licols éthologiques, beaucoup plus précis dans le travail à pieds. J'allai chercher ma boîte qui était trop petite pour loger toutes mes brosses et compagnies. J'en sortis un bouchon, que je passai tendrement sur la robe encore peu épaisse de mon étalon. J'avais bien du mal à me faire faire graver ça dans la tête, qu'il avait grandit. Je fis l'autre côté, lui aussi bien crâde. Je voulais attendre qu'il prenne du muscle et encore un peu de taille pour lui acheter une couverture, pour l'instant, il devait prendre son poil d'hiver. Je curai ses pieds, et rajustai le licol qui le tenait à l'anneau. Je fis quelques pas en arrière, et sortis mon portable.

- Un petit sourire ?

« Mardi 21. »

Mon poulain n'avait toujours pas finit de grandir, grandir. Il était maintenant devenu un bel haflinger, je peinais à le reconnaître. Pourtant, quand je lui fis sentir ma main, quelque chose changea. Il me regardait avec plus d'attention, réclamant ma présence. Je souriais. Qu'est ce qu'il était beau comme ça, mais qu'est ce que je ne le reconnaissais pas...

Je poussai la porte du box. Cela me faisait encore tout drôle de le voir dedans, alors qu'il avait passé toute sa première année dans une stabulation. Je me souviens du jour de son arrivée, et de nos débuts. Je lui fis sentir ma main, petit rituel que j'accordais à tout mes cheveux. Ce dernier hennit en ma présence, réclamant encore plus de caresse. Je commençais légèrement à m'endormir, et me laissai aller aux alléats de sa respiration. Je collai mon oreille sur son chanfrein ; fermant les yeux. Je me remémorais toute notre histoire, notre belle histoire. Son avenir n'était pas encore tracé. Je ne savais pas s'il était destiné à la compétition, ou bien au loisir. C'est vrai que la plus part de mes montures étaient devenus peu à peu des champions, mais Écume n'en avait pas le profil. Je me redressai, et sortis directement de ma boite de pansage une brosse douce. Je la passai vivement sur le corps du cheval, baillant toutes les cinq minutes. La fatigue prenait le dessus. Je lui demandai de se pousser légèrement pour continuer l'autre côté. La brosse douce ne servait pas à grand chose, mais je m'amusais à lustrer son poil. Je fis quelques pas en arrière, et malgré mes yeux flous, découvris une grosse tâche marron sur son encolure. Je passai dessous et pris une éponge que j'humidifié dans son abreuvoir automatique. Je frottai maintenant sa robe comme un vêtement, et satisfaite du résultat, posai mes mains sur les hanches. Un grand sourire pouvait maintenant se lire sur mon visage. Je sortis du box, et déposai un baiser sur les naseaux du poulain avant de refermer la porte.

- À plus tard !

« La vie n'a pas de prix. »
→ Découverte, dimanche quatre.



Écume. Les jours passaient, et je semblais l'oublier. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui démangeait, j'avais sans cesse le besoin de le voir, mon poulain. Le temps, ce fichu temps. Si seulement j'avais un bouton pause, constitué de deux barres verticales qui me permettrait de faire de cette vie une simple image, où je pourrai doucement vaguer à mes occupations. Mes chevaux dix-huit chevaux, tous aussi beaux les uns que les autres. Je ne leur offrais pas assez de temps, mais surtout pas assez d'amour. Combien de fois je venais de fois venir les voir par mois ? Combien de fois m'occupais-je d'eux ? Pas assez, selon moi. Je ne pouvais pas les oublier, les laisser tomber comme ça. Mes chevaux préférés, mes trois bestioles sauvages... Mon Poulinou faisait partis de mes trois favoris. Pas étonnant, vu son caractère. Ce cheval était tout bonnement parfait. Il était sage, volontaire, tel un ange.

J'ouvrais justement la porte de son box, contente de le voir après une longe semaine d'absence. C'était le premier cheval que je sentais depuis huit longs jours ; cette odeur m'avait tellement manqué... J'enfonçai mon nez dans sa crinière, le serrant de toute mes forces pour éviter qu'il ne s'échappe. Je n'avais plus envie de le quitter, envie de rester avec lui, pour toujours. Mon haflinger, mon bébé. J'écartai mon visage de son encolure, contemplant ses yeux en forme d'amande. Je les regardai attentivement, fermant les yeux à chaque fois qu'il me chatouillait avec ses longs cils. Je souris, contente d'être là où je me trouvai. Je n'étais jamais plus heureuse que dans mon écurie, jamais. Je m'écartai de quelques mètres, voulant contempler cette beauté tout droite venue du ciel. Il n'avait pas eu de visite depuis un bon long mois. Je grimaçai, découvrant sa robe salie. Je sortis du box, et soulevai doucement ma boîte de pansage, fatiguée comme jamais. Je rentrai tout juste de mon voyage, et j'étais déjà aux pieds de mes chevaux ! J'étais décidément incorrigible. Je sortis de ma boîte une brosse, que je tapai contre le mur pour la débarrasser de toute cette poussière. Je n'allais pas travailler mes chevaux, juste passer du temps en leur compagnie aujourd'hui. Je passai alors la brosse calmement sur le corps de couleur doré du cheval. J'entamai alors un long travail de soin ; voyant l'état ignoble de sa robe. Elle était parsemée de terre ; les tâches blanches étaient devenues jaune urine. Je me bouchai le nez, découvrant un tas de crottin coincé dans la crinière de mon bébé. C'était les chevaux, oui, c'était mon cheval. Malgré le dégoût, j'enlevai naturellement la chose, délivrant sa queue. Je souris, tapotant sa croupe et me remettant au travail. Petit à petit, je pouvais voir de nouveau la robe de mon haflinger.

- ça va aller mieux comme ça

Je levai alors ses pieds, me munissant d'un cure pieds. Je le passai calmement sur la sole encombrée de terre et de paille, et enlevai la plupart des saletés. Je me redressai, flattant l'encolure d’Écume. Il était maintenant un grand cheval... Oui, c'était la chose que je me disais à chaque fois que je m'occupais de lui. Mais il restera à jamais mon poulain, mon bébé, mon tout. Je finissais rapidement les membres du concerné, et flattai rapidement son encolure. Je lui tendis un sucre, et quittai le box, majestueusement. .

« I still feel your touch in my dreams. »
→ Préparations & soins, mercredi quatre.



Cela faisait quand même un moment que je ne l'avais pas monté, ce poney au cœur d'or. J'appréhendais légèrement, comme à mon habitude. Il était encore jeune, et je ne savais pas bien le manipuler, le dresser. Mais tout pouvait changer, il y avait une fin et un début à tout. J'ouvris la porte du box, et me jetai directement dans les bras de mon poulain. Je voulais le mettre dans de bonnes conditions avant d'aller dans le manège. Le manège était le seul lieu dans lequel j'arrivais à le travailler en saut d'obstacle, car j'avais bien trop peur en carrière.

Je poussai la porte du box pour saluer le jeunot. Je camouflé mon stress à l'intérieur de moi même, et souris à la bête qui me regardait de ses deux yeux amandes. Il était beau, il était magnifique. Je sortis un licol plat de ma poche, et l'enfilai à la bête, qui n'attendait visiblement que ça. Je le sortis de son box, et l'attachai non aux anneaux, mais aux barreaux du box. Ça nous changeait un peu, pour une fois. Je m'éloignai un petit peu pour prendre la boîte de pansage, et en sortis deux trois brosses, pour le nettoyer avant de la monter. Je passai l'étrille américaine, regardant les poils tomber à mes pieds. Mes boots allaient avoir de la barbe à la fin du mois ! Je ris, et posai cette brosse pour en prendre une autre. Je terminai rapidement le pansage par un curage des quatre sabots, et déposai un baiser sur son encolure. J'allai maintenant l'équiper ! […] Une fois dans l'écurie, je sélectionnai ma couleur du jour. Bordeaux ? Vert ? Bleu ? Oui, le bleu lui irait bien. Je déposai le tapis marine sur mon bras, et pris par dessus la selle, qui était très lourde mais très belle. J'attrapai un amortisseur en mouton noir, ainsi que mon filet à mors aiguille, pour le monter. Tout était parfait ! Je revins vers ma monture, et déposai sur son dos le tapis et amortisseur, et finis par la selle en cuire. Je récupérai la sangle sous son ventre, et serrai le plus fort possible, même s'il gonflait son ventre. J'ôtai dans l'immédiat son licol plat de couleur bordeaux et gris, et lui enfilai le filet à mors aiguille. Il n'avait pas eu un filet dans la bouche depuis un petit moment, le pauvre. Je souris, et passai les rênes par dessus les oreilles pour l'emmener en direction du manège.

» Viens, toi !



( manège )


Pour avoir bien travaillé, nous avions bien travaillé. Notre premier enchaînement, beaucoup d'obstacles, et le début de quelques hauteurs. Je prenais enfin en compte ses talents de sauteur ; car oui, il décollait et m'emmenait toucher les étoiles de toute la galaxie. Le sourire aux lèvres, nous prenions le chemin du retour. J'arrêtai ma monture dans l'écurie, et ôtai son filet, pour lui enfiler le licol. Je jetai ce dernier sur un des crochets, et sortis mon portable pour faire une photo de mon bébé. Il grandissait, et se musclait de jour en jour ! Je déposai un baiser sur son encolure, et enlevai la selle et tout ce qui était posé sur son dos. Je mis le tout par terre, promettant de le ramener plus tard dans la sellerie. Je détachai la longe, et l'emmenai pour la première fois à la douche depuis très longtemps. J'ouvris calmement le courant de l'eau, et gigotai le tuyau autour de lui. Il n'avait pas peur, ayant confiance en moi. Je passai l'eau sur ses membres, et le remis dans l'écurie. Écume eu un dernier coup de brosse, et finit par rejoindre son box.

« Happy Birthday. »
→ Box, vendredi 18.



« Petit Écume, cela faisait si longtemps que je ne t'ai pas vu ! »

Cela faisait effectivement un peu plus d'un mois que je n'avais pas vu mes chevaux, et en particulier Écume, dont je n'avais pas fait ses soins depuis bien longtemps. Son box avait été curé il y a une semaine, une odeur nauséabonde s'en évacuait. Je ne pouvais m'occuper seule de mes vingt-cinq chevaux, ça m'était impossible. Heureusement, j'avais trouvé des personnes pour m'acheter deux d'entre eux et quatre autres pour des demies-pensions sur divers chevaux. Il ne me manquait plus qu'un palefrenier, et une charge de boulot en moins ! J'ouvris doucement le box du petit haflinger, qui n'était d'ailleurs plus un bébé. Il avait été papa d'un poulain, Spirit du Pommier. J'étais fière de lui, comme à chaque fois où mes chevaux devenaient parents. Écume me regardait, de ses yeux d'amande. Je décidai enfin de m'approcher, après quelques secondes, plantée devant lui comme un vieil arbre. Je caressai alors son chanfrein, et évitai son naseau qui ne cessait de chercher une petite friandise à croquer. J'en sortis alors une de ma poche, que je lui tendis soigneusement, pouce bien rangé pour éviter toute morsure involontaire. Cela faisait pas mal de temps que nous nous connaissions, mais seulement depuis quelques mois qu'il m'avait totalement offert sa confiance. Tout avait un début, j'en étais consciente. Je me dirigeai alors vers son garrot, que je me mis à gratter avec insistance. Ses yeux se fermèrent, il balança alors l'encolure de gauche à droite, comme s'il se faisait bercer. J'étais sûrement aussi bien que lui, car je fermai mes yeux à mon tour, continuant mes caresses sur le dos de l'haflinger. Je n'arrivais pas à me détacher de lui tellement j'étais bien, tellement nous étions bien. Plusieurs minutes passèrent dans cette position, je décidai enfin de m'écarter.

Je sortis alors du box, le sourire aux lèvres. Au passage, je caressai toutes les têtes qui dépassaient des box de l'écurie intérieure. Magic, Caliméro, Donald, Nobody... tous avaient l'air heureux de recevoir un peu de visite. J’atteignis enfin la sellerie. J'y pris mon sac de pansage, que je portai sur mon épaule, un look décontracté. Tout était bien rangé, pour une fois. Je m'étais prise d'une crise de rangement et de soins aujourd'hui, c'était sûrement parce que c'était mon anniversaire. Je fêtais effectivement mes quatorze ans, dans la joie et dans la bonne humeur, mais surtout auprès de mes chevaux. Je retournai en direction du box, où je déposai le sac juste devant la porte du box salit. Une petite visite au paddock ne devrait pas lui faire bien de mal au petit Écume ! Pendant ce temps, je me positionnai à la hauteur de l'épaule de l'étalon, et passai un licol plat sur le bout de son nez. Je fermai la boucle juste derrière ses oreilles, et repositionnai l'ensemble. Le bleu marine lui allait vraiment à merveille. Je clippai la longe sur l'anneau en fer, et le sortis de son box. Nous allions d'abord aller au paddock, avant de faire un petit pansage après le retour. Je jetai un rapide coup d’œil au ciel, qui nous annonçait un subliminale soleil. Mon thermomètre affichait quant à lui dix huit degré, les mouches allaient nous embêter sous cette chaleur étouffante et orageuse. J'attachai la longe à un des anneaux d'attache de mon domaine, et attrapai le pschit anti-mouche qui été posé contre le rebord de la porte de presque touts les box. C'était un spray naturel, qui évité que les mouches ne se posent un peu partout sur le corps d'athlète de mon cinq ans. Je le pulvérisai un peu partout sur son corps, et le reposai contre le petit muret en pierre. Cette fois ci, nous étions prêt pour le paddock.



( paddocks )

Épuisée, je retournai tout de même vers l'écurie intérieure de mon domaine. Nous avions longtemps joué dans le paddock de mon cheval, mes pieds n'en pouvaient plus. J'avais décidé de le laisser une bonne partie de la journée dans ce magnifique pré, tellement le soleil nous était généreux. Je m'assis alors sur une chaise, et décidai de fermer les yeux quelques secondes pour me laisser aller. J'avais mal au pied tellement j'avais couru, j'avais mal absolument partout. Je me relevai finalement, et me munis de la première fourche qui arriva dans ma main. Curer le box de ses chevaux était plus qu'important. Alors que je commençai à planter ma fourche dans la paille souillée, le garçon arriva dans mon écurie intérieure. Il ne pouvait décidément plus se passer de moi. Je lui souris amicalement, et déposai deux baisers attendris sur ses deux joues rosées. Je ne devais malheureusement pas m'égarer dans mes occupations, faire ce box était très important. Alors que je replantai ma fourche dans la paille, il me souhaita un joyeuse anniversaire, le premier: d'aujourd'hui. Je le remerciai poliment, je ne voulais pas montrer ma joie intérieure qui s'était propagée. Yes. Kevin se munit d'une fourche à son tour, et tout deux, commencèrent à nettoyer le box d’Écume. En quelques secondes, la paille souillée avait été lancée dans une brouette, il ne restait d'ailleurs plus rien dans le box de l'étalon. Je éparpillai la nouvelle paille dans tout le box, et vérifiai abreuvoirs et mangeoires du petit espace carré. Nous nous dirigeâmes, Kevin et moi vers le club house, où je fis chauffer de l'eau pour un petit chocolat chaud.



( paddocks )

De retour au paddock, accompagné cette fois ci non de Kevin mais plutôt d’Écume, mon tout premier cheval débourré. Il marchait tranquillement à mes côtés, nous étions tout prêt des écuries intérieures. Une fois à l'intérieure, j'attachai la longe à un des anneaux d'attache du domaine. Un petit moment de pansage s'imposait, tellement l'étalon était dégoûtant. Il avait plut cette semaine et la terre -malgré la chaleur et le soleil- n'avait pas eu le temps de bien sécher correctement. Ses membres étaient boueux, et pleins de sable. Je ferai mieux de passer d'abord un coup de douche. Nous sortîmes tout deux de l'écurie intérieure, nous dirigeant vers « le lieux d'attache », composé de tout pleins d'anneaux mais surtout d'une douche. Je déposai la longe sur le dos musclé de l'haflinger, et, tuyau orienté vers le bas, ouvrit la pression. Mon cheval était parfaitement bien habitué à cette eau. Je la passai tranquillement sur ses membres, exécutant de magnifiques mouvements de haut en bas pour masser ses tendons. Il avait l'air de plutôt apprécier ces longs moments, mon cheval. Je changeai de côté, et terminai les quatre membres en une fraction de seconde. Nous étions prêt pour l'étape suivante : le brossage complet. Je rattachai la longe à un des anneaux d'attache mais cette fois ci à l'extérieure, et déposai à mes pieds le sac de pansage. Il était neuf heures, pas encore l'heure de manger mais mon étalon trépignait d'impatiente. Je le calmai d'une petite caresse sur son encolure, et pris un bouchon, que j'allais passer sur son ventre boueux. En quelques secondes, ma brosse était passée de propre à complètement dégoûtante. Je terminai rapidement le pansage, et remis l'étalon dans son box, comme je l'avais trouvé ce matin même.