Les débourrages, je ne m'y étais réellement remis qu'à partir d'aujourd'hui. J'avais poursuivi celui de Duchesse, nous avions d'ailleurs presque conclu l'affaire. Maintenant je me focalisais beaucoup plus sur celui de Nangaye, dont je ne m'étais pas occupé depuis bien longtemps. L'autre jour, quelqu'un était venue lui rendre visite, ça lui avait fait un petit peu de compagnie. Par la suite, j'avais pris la décision de la mettre au paddock pour touts les beaux jours qui allaient venir. C'était simple, cette arabe au physique peu commun aimait tout ce qui touchait à la nature, surtout avec cette chaleur. C'était agréable de se promener dans les sentiers, d'écouter les oiseaux chanter et tellement d'autres choses encore. Je me dirigeai d'ailleurs vers le paddock de la concernée, accompagnée de mon petit chien. La dernière fois qu'il avait eu le malheur de venir, il avait vu la mort de très près avec Facturing et ses antérieurs pointés en sa direction. Je me baissai, et caressai son doux pelage. Nous arrivions enfin. Nobody hennit. Oui, mon magnifique labrador avait le même nom qu'une de mes montures. Nangaye était tout au fond de son paddock et me regardait du coin de l’œil, discrète. Je sifflai doucement, la faisant accourir au petit trot. Je me souvenais encore quand elle n'avait que six mois. Elle était perturbée, elle avait peur de moi. Et je la voyais maintenant, ronde comme une patate et qui m'adorait littéralement. Bien sûr c'était réciproque, je l'adorais aussi. Elle était vraiment géniale à débourrer, elle me faisait confiance. Je poussai la porte du paddock, pas besoin de mettre des fils électriques avec cette jument, elle respectait les limites que je pouvais lui offrir. Parfaite ? Oui, c'était presque ça. Elle était surtout une jument de loisir et non de compétition. Même si je n'étais jamais montée sur son dos je la connaissais, rien qu'en croisant son regard je savais ce qu'elle pouvait penser. Je caressai alors son chanfrein, laissant mon chien parcourir ses antérieures. Non seulement elle était respectueuse des limites que je lui donnais, mais la compagnie de Nobody ne la dérangeait absolument pas. Tant que j'étais là, elle se sentait en sécurité. Je passai mes doigts dans sa crinière emmêlée. J'aimais son côté décalé, son côté cheval sauvage tout gros. J'aimais surtout l'intensité de son regard, ce que je pouvais lire dans ses yeux. J'avais l'impression qu'on pouvait y lire toute sa vie, j'adorais ça, j'en raffolais. Je pris le licol que j'avais dans la main et lui présentai devant le nez. C'était un licol en corde, un licol dit « éthologique ». Aujourd'hui c'était un bon gros pansage et un essaie de tapis qui nous attendait, j'étais tellement pressée ! Je caressai son encolure, elle avait vraiment bien assimilé le licol. Pourtant j'en avais bavé avec elle, oh oui, plus que bavé même... nous sortîmes toutes deux du paddock. L'aire de pansage était beaucoup adaptée pour ce que je voulais faire aujourd'hui, hors de question de la débourrer dans son paddock. Il fallait qu'elle change d'air un peu, qu'elle aille là où je l'avais emmené la dernière fois. Nous marchions alors côte à côte, alors que Nobody ne cessait de faire différentes accélérations. Je le suivais du regard, riant quelques fois quand il tombait dans un trou. Il était frappa-dingue mon chiot, c'était aussi pour ça que je l'aimais. Enfin nous arrivâmes à l'air de pansage, le lieu tant attendu. Je nouai la longe autour du nœud d'attache, me retournant vers mon chien pour lui caresser le bout du nez. Nangaye hennit. Il n'y avait aucun cheval autour d'elle, elle n'avait aucunes raisons d'avoir peur. C'était peut être parce que je m'éloignai peu à peu ? Ce cheval était réellement un amour. Tout en me dirigeant vers la sellerie intérieure, je caressai les bouts du nez qui dépassaient de chacun des box. C'était tous mes chevaux. Et en ce moment, je devais me préparer à recevoir tout pleins de nouveaux arrivants. Oui, beaucoup sous la crise se voyaient obligés de se séparer de magnifiques chevaux. J'en avais acheté deux à de récentes enchères, dans les deux cas j'avais fait pas mal d'affaires. Je franchis le porte de la porte et m'emparai de quelques brosses, juste de quoi faire un petit pansage élémentaire. Je regarde du coin de l’œil le tapis, ça allait être pour tout à l'heure, pas besoin de la stresser dès maintenant. Je repris la direction de l'aire de pansage, où la jument arabe m'attendait bien gentiment. Un bouchon, une brosse douce et un cure-pieds, c'est tout ce que j'avais. Je posai le tout aux antérieures de Nangaye et lui caressai doucement l'encolure. Elle était d'un calme remarquable. Je me munis du bouchon, étant du côté gauche de l'arabe. Elle avait un énorme ventre, c'était la seule chose que je pouvais dire. Elle n'avait pas du tout le physique d'une jument arabe, ça ne ressemblait pas du tout. Pourtant ses parents était bien Cola-Cao et Magic, mes deux chevaux. Mis à part le couleur du père, tout supposait à croire que je m'étais trompé dans la génétique du poulain. Je ris quelques secondes, tout en poursuivant longuement le pansage que j'avais entamé. Peu à peu sa robe laissant place à un magnifique gris truité, sa couleur originale. Un sourire se dessina sur son visage. Je terminai une fois de plus par le passage de la brosse douce et du cure-pieds, terminant ainsi le pansage élémentaire.
« Nangaye... »
J'étais de nouveau dans la sellerie, non pour prendre des brosses cette fois-ci. J'étais effectivement là pour le tapis de selle qui allait me servir à débourrer la belle Nangaye. Je ne stressais pas du tout. Je savais qu'elle était très cool pour tout ce qui était débourrage et autres étapes, le tapis n'allait pas être un problème. Ça s'annonçait être un débourrage rapide, facile, sans problèmes. Pas comme celui de Duchesse, avec qui je galérais bien. Je choisis un des plus vieux tapis que je pouvais posséder, mon tout premier tapis. C'était un basique, un noir au liseré légèrement plus doré. Il était en coton fin, pas un pet de rembourrage. Il était tout simplement parfait pour un tapis de débourrage ! Satisfaite, je me dirigeai vers la jument qui attendait bien sagement que je ne vienne la revoir. Elle était adorable, je l'adorais littéralement. Ses crins blancs, ses grands yeux noirs... elle n'était pas magnifique, surtout pour une arabe, mais j'adorais chez elle son côté « décalé ». Elle me faisait craquer, je l'adorais, je l'aimais, c'était fou comme elle me faisait de l'effet. Je me plaçai au niveau de son épaule et posai doucement le tapis sous son nez, sur le tout petit muret que j'avais fait installé. Nangaye n'avait pas l'air intéressée. Elle préférait largement mettre son nez dans mes poches, me demandant une friandise. Je lui caressai le chanfrein avant de bouger légèrement le tapis. Il n'avait pas une couleur très vive, rien qui ne pouvait l'effrayer. Cette jument n'avait pas un caractère d'un cheval peureux. Je m'emparai alors du tapis et commençai doucement à la frotter contre son épaule, essayant non plus de ne pas le mettre trop près de sa tête. Elle sursauta, puis se ré-concentra sur mes poches de pantalon. Elle était tellement gourmande, mais ça se voyait avec le gros ventre qu'elle avait. Je ris quelques secondes, et commençai doucement à faire glisser le tapis sur son dos. Elle n'était pas gênée, elle s'en fichait même. Beaucoup de mes chevaux n'avaient pas porté d'importance à cet objet. À vrai dire que je l'avais encore mis qu'à Duchesse, Écume et Arobaze. Je terminai par le faire glisser sur son dos. Il était tellement léger, que pouvait-il bien lui arriver ? Elle n'avait aucune raison d'avoir peur. Je pouvais comprendre que la selle pouvait être perturbante, mais le tapis, non. Je finis par la désensibilisé entièrement, et lui tendis la friandise qu'elle attendait tant depuis tout à l'heure. Je finis par détacher la longe de l'anneau d'attache, il était l'heure de la ramener dans son paddock. J'avais eu raison de la mettre dans de la verdure pendant l'été. Elle adorait tellement ça, se sentir ainsi libre. Ce n'était pas son truc de rester enfermée, sauf l'hiver, elle le toléré plutôt bien.
Nangayer avec Nangaye... Cette phrase, la propriétaire de la belle arabe l'avait entendue un bon nombre de fois, riant dès que j'ouvrais la bouche pour rabâcher encore et toujours cette même phrase, révélatrice de mon envie. Peut-être était-ce à force d'avoir tanner Axelle ou tout simplement que celle-ci était en manque de temps, aujourd'hui je me retrouvais devant le domaine d'Ecaussines relativement plus grand que tous les autres car celui-ci devait accueillir une trentaine de chevaux à peu près. Si ça c'était pas du boulot... Impatiente de me retrouver enfin avec cette petite jument, je pris cependant le temps d'ouvrir et de fermer lentement la porte coulissante du domaine derrière moi, me soustrayant au léger soleil matinal. Dans la semi-pénombre de l'écurie, on distinguait aisément les têtes des chevaux d'Axelle, qui tantôt pointaient leur bout du nez, tantôt nous offraient une vue imprenable sur leur croupe. Ambiance sympa! Je remontais l'allée, saluant au passage Magic, que je connaissais "de balade" et Narrow, dont javais pu m'occuper. L'hongre, câlin, voulut retenir sa distraction (moi) mais je continuais mon chemin jusqu'à dénicher la jument truitée. Méfiante à la vue de cette inconnue qui se dressait devant son box, Nangaye neA FINIR
Ma petite jument de pré me manquait terriblement. Oui, je vivais avec des chevaux parfaits, qui sautaient des montages ou déroulaient des reprises de dressage de haut niveau. Mais je ne les aimais pas pour ça. La preuve avec le belle arabe, qui restait au pré toute l'année qui était plus désignée comme poulinière que comme cheval de compétition. Cette petite, je l'avais vu naître. J'avais galéré à ses côtés. Et cela faisait maintenant trois ans qu'elle faisait partie de ma vie ! À vrai dire son débourrage n'avançait pas très vite. Et pour cause, j'étais débordée pas les autres chevaux, puis elle avait eu un poulain, elle avait gagné le droit de rester tranquille, en paix. Notre confiance s'était tissée petit à petit mais nous avions réussis. J'étais très fière d'elle, d'elle et de notre relation. Je prenais d'ailleurs la direction de son pré, où elle vivait l'été. Mais cette année, je n'avais toujours pas vu de neige à l'horizon, alors je l'avais laissée un peu plus longtemps que prévu avec une bonne couverture sur le dos. Dès mon arrivée près des fils, je vis une tête blanche me fixer au loin, puis elle, galopant en ma direction. La belle jument galopait à une vitesse affolante, elle était visiblement en pleine forme ! Je m'avançai vers elle, en passant par dessous les fils électriques, un licol à la main. Nangaye se stoppa net devant moi. Sa robe était dégoûtante, parsemée de boue et de trace d'herbe. Mais peu importait tout ça, elle était magnifique. Je lui caressai le bout du museau, et l'encolure, tout doucement. Cela faisait bien longtemps que je ne l'avais pas vue, j'étais très contente de pouvoir profiter d'elle à nouveau ! Je déposai également un petit baiser sur son museau et lui tendis une friandise, avant de lui passer mon licol en cuir, gravé en son nom. Chaque cheval avait le droit à son licol en cuir, c'était en quelque sorte une tradition ici, au domaine d'Ecaussines. Je pris correctement la longe dans ma main droite et ouvris les fils du paddock. J'allai lui passer un bon coup de brosse dans l'aire de pansage avant de lui mettre une selle sur le dos, chaque chose en son temps, lui faire du bien était toujours prioritaire. La jument trottait à côté de moi, elle était contente de sortir enfin de son paddock de trois hectares. Ma belle princesse m'avait énormément manqué durant ces quelques semaines ! Et bientôt, elle allait être débourrée. Je pourrais enfin sortir avec elle sur son dos, dans de longues randonnées, car je savais très bien qu'elle allait apprécier ça.
L'aire de pansage était vraiment un endroit sûr pour s'occuper des chevaux. Je nouai la longe autour de l'anneau d'attache, qui pouvait se détacher si jamais la jument se mettait à tirer au renard. C'était une sécurité supplémentaire, qui m'empêchait de stresser si jamais je m'absenter pour aller chercher du matériel, ou autre. Je pris quelques secondes pour bien papouiller la jument comme il s'en devait, après tout elle s'était laissée attraper très gentiment, et je devais associer l'air de pansage à un lieu agréable. Puis je m'éloignai en direction de la sellerie, pour y prendre quelques brosses. Je pris dans ma main droite un bouchon et une brosse douce, dans l'autre une étrille américaine et un cure-pieds. ça allait largement suffire au pansage de la belle, qui avait les membres et l'encolure complètement dégoûtants ! Je posai toutes les brosses près de Nangaye, puis me frottai les mains pour éliminer les dernières traces de poussière. La couverture polaire était encore sur la blanche truitée. Je détachai les sanglons de devant et les sanglons du ventre, puis enlevai délicatement la chose qui la réchauffait. Sa robe dessous était immaculée ! Elle contrastait parfaitement bien la couleur de l'encolure et des membres. Je caressai le dos encore chaud de l'arabe, puis pris le bouchon pour débuter le pansage. La sueur avait collée quelques uns de ses poils, je commençai d'abord par le dos, puis j'irai vers l'encolure. Cette dernière était vraiment devenue marron. Les poids étaient collés les uns contre les autres, on pouvait même y trouver des feuillages en cherchant bien. Je pensais sincèrement que nous allions prendre plus de temps à décrotter la jument qu'à lui mettre une selle sur le dos ! J'en ris quelques secondes avant d'accélérer le mouvement de la brosse contre son encolure démusclée. Nangaye n'était pas musclée, effectivement, elle était rondouillette, enveloppée. Petit à petit son encolure se mit à s'éclaircir et à retrouver sa couleur initiale. J'en étais très contente ! Je fis la même chose de l'autre côté, nous nous occuperions des membres un peu plus tard. Je me munis ensuite de l'étrille américaine, qui enlevai et démêlai les poils. Ce n'était pas le même blanc que le dos nu de la jument, mais ça y ressemblait bien plus qu'avant. Je posai toutes les brosses et me munis du cure-pieds, c'était l'avant dernière étape de son pansage. Je m’appuyai légèrement sur chaque membre, puis curai le sabot embourbé de boue. Il était temps que je lui fasse les sabots ! Puis je détachai la jument, il fallait y aller à la douche pour les membres, ça allait être plus rapide. J'allumai la pression et en profitai pour masser les tendons de Nangaye. Elle ne bougeait pas, elle me faisait confiance, et restait parfaitement immobile. Quelques minutes plus tard, les membres étaient immaculés. Je séchai les plis des paturons, et rattachai la jument à l'anneau d'à côté.
Il était maintenant temps de lui mettre la selle sur le dos. Je pris déjà le tapis, que je posai délicatement sur son encolure, sur sa croupe, un peu partout pour vérifier qu'elle était bien désensibilisée. Puis, je me munis de la selle, dont je pris le temps de lui faire découvrir. Nangaye la sentit, tenta même de croquer dedans... bref, elle était en parfaite confiance avec moi. Je lui caressai l'encolure, et posai le harnachement sur son dos. La belle arabe eu un mouvement de sursaut, et tourna la tête en direction de ce que je venais de poser sur don dos. Je l'enlevai de suite pour la récompenser de sa bonne attitude. Petit à petit, je recommençai. Je claquai les quartiers, descendis les étriers... La jument avait vraiment une attitude exemplaire, comme si elle avait déjà était sellée ! Je lui tendis une friandise et finis par seller entièrement, avec la sangle.